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la Croix
Affaire Bastien Vivès : « La priorité à l’enfance est une révolution culturelle »
#enfance #inceste
Article mis en ligne le 22 janvier 2023

Après la suspension de l’exposition du dessinateur Bastien Vivès prévue au Festival d’Angoulême, Michèle Créoff, ancienne vice-présidente du Conseil national de la protection de l’enfance, salue une forme de prise de conscience sur les violences sexuelles sur mineurs et l’émergence d’une « nouvelle culture collective » autour des droits des enfants.

(...) La fin de la tolérance

Jusqu’à présent, les violences sexuelles commises sur les enfants ont bénéficié d’une tolérance, voire d’une complaisance des acteurs culturels et plus largement des élites intellectuelles et politiques. (...)

Le droit est le reflet de cette culture collective. Il faut attendre les lois de 2016 et de 2021 pour que l’inceste soit défini comme une infraction spécifique et qu’un seuil d’âge dispense de la recherche du consentement de l’enfant en cas de violences sexuelles. Même à ce moment, le plaidoyer du ministre de la justice, lors des débats à l’Assemblée nationale, pour limiter la définition de l’inceste commis par des oncles et tantes, au nom des incestes heureux, par des jeunes gens de moins de 20 ans, au nom des amours adolescentes, illustre encore notre difficulté à nous représenter le drame de l’inceste et plus largement des violences sexuelles subies par les enfants.

Défendre les mineurs

Comme si, puisqu’ils sont petits, puisqu’ils n’ont pas « conscience », puisqu’ils ne savent pas, les enfants ne souffraient pas, enfouissant les souvenirs, garantissant ainsi l’impunité. L’évolution de notre droit est bien jeune et bien timide pour contrer cette conviction que l’enfant est la propriété de ses parents, puis des adultes en général. Que les droits des mineurs sont des droits mineurs. Que la jouissance que procure la domination du plus vulnérable, du plus soumis à notre autorité vaut bien une entorse à la norme pénale, si mal appliquée, donc si faible. (...)

Il s’agit donc bien d’un combat culturel que mènent les défenseurs des enfants, pour faire advenir une nouvelle culture collective où la protection des enfants serait la priorité de tous, au-delà des discours, des ambivalences et des compromissions. (...)

Il s’agit d’un combat fondamental qui exige des adultes une responsabilité pour l’avenir. La priorité à l’enfance est une révolution culturelle.