Ce n’était qu’une intervention modeste, une goutte d’eau dans l’océan du financement de l’action climatique mondiale. Et pourtant, cette initiative a permis à tout un groupe de femmes d’affaires du comté de Makueni, dans le sud-est du Kenya, d’éviter d’importantes pertes commerciales.
Depuis que les femmes de la coopérative Huruma Asili ont commencé à recevoir des bulletins météorologiques quotidiens par message texte, il y a un an, il est beaucoup plus rare que les tranches de mangues qu’elles étendent pour sécher noircissent et deviennent invendables.
Le service n’est pas le résultat d’un modèle unique conçu par un ministère ou une lointaine organisation d’aide humanitaire. Ce sont les femmes elles-mêmes qui ont mené une réflexion afin de répondre à une question simple posée par leurs pairs à l’ensemble des habitants du quartier : « De quoi avez-vous besoin pour atténuer l’impact négatif du changement climatique ? »
Cette approche participative sous-tend les initiatives d’adaptation locales naissantes au Kenya, l’un des principaux bénéficiaires de la finance climatique en Afrique subsaharienne. (...)
Dans plusieurs comtés du Kenya, des comités de planification formés de résidents des quartiers, une subdivision administrative des comtés, sont en première ligne des efforts d’adaptation au changement climatique. Ils gèrent toutes les étapes, de la conception initiale du projet à l’exécution en passant par l’évaluation et la surveillance financière.
Les résidents du quartier de Nguu Masumba, également situé dans le comté de Makueni, ont dit à leur comité local qu’ils avaient besoin de barrages. Deux projets ont été approuvés par le comté et finalisés juste avant le début de la saison des pluies. Ils ont été réalisés en l’espace de quelques mois pour un coût légèrement inférieur à 70 000 dollars. (...)
L’objectif est que les fonds de lutte contre le changement climatique gérés par ces autorités locales deviennent ce qu’on appelle, dans le jargon de la finance climatique internationale, des « entités d’exécution/de réalisation » infranationales. Ce statut leur conférerait en effet l’accès à des fonds nationaux et internationaux ayant des conditions de décaissement strictes.
Cela inclut le Fonds vert pour le climat, qui, lorsqu’il fonctionnera au maximum de sa capacité en 2020, disposera d’une somme annuelle de 100 milliards de dollars, dont la moitié pour des projets d’adaptation (environ 10 milliards de dollars ont déjà été promis au fonds).
Pour le moment, les fonds accordés aux cinq comtés pilotes proviennent du Département britannique pour le développement international (DFID) et sont acheminés par l’intermédiaire d’un consortium d’adaptation formé d’organismes gouvernementaux et de diverses ONG locales et internationales. (...)
Neuf projets ont été réalisés dans six des 30 quartiers du comté de Makueni en 2016. Cette année, on s’attend à ce que tous les quartiers obtiennent de l’argent et le comté a mis de côté environ 600 000 dollars.
Makueni est l’un des deux comtés ayant adopté une législation locale l’obligeant à consacrer un à deux pour cent de son budget de développement au financement de l’adaptation. Ces lois sont souvent des prérequis pour obtenir certaines formes externes de financement de l’action climatique. D’autres comtés prévoient d’adopter des lois semblables prochainement.
Selon Richard Munang, coordonnateur régional pour les changements climatiques du Bureau régional pour l’Afrique du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), une approche participative de l’adaptation est « fondamentale pour mobiliser des moyens de mise en œuvre complémentaires, et notamment la capacité technique, le savoir local, les partenariats d’affaires et les collaborations en vue de multiplier les solutions, des éléments qui sont tous essentiels pour compléter le financement permettant la mise en œuvre optimale des interventions climatiques ». (...)