
A Benoit Payan et à la Mairie de Marseille, à la Préfecture, au Gouvernement Français, au Président de la République, à la présidente du département des Bouches du Rhône et de la Métropole d’Aix Marseille Provence.
Nous sommes des jeunes migrants sans abris, sans papiers, empêchés de travailler. Pour autant, certains sont étudiants, lycéens, apprentis.
Cela fait trois années que nous sommes à la rue
. Nous avions construit un campement à Porte d’Aix, qui était un lieu de rencontre et de vie, de solidarité. Enfants, parents, famille se retrouvaient pour parler, échanger, faire ramadan. C’était un repère.
Depuis l’année 2020 on subit le harcèlement de la police, puis d’une société privée de vigile au fur et à mesure de l’avancée du chantier de la Porte d’Aix dans le but très clair de nous expulser en toute illégalité de la Porte d’Aix.
Nous étions d’abord en bas de la colline, on nous a chassé. Nous avons construit des cabanes, on nous les a détruites. Nous avons installé des tentes sur la dernière parcelle inoccupée, on nous a envoyé des vigiles brutaux et relevant d’un comportement mafieux, qui ont eu pour occupation durant deux semaines de jeter nos tentes et canapés et de les brûler.
A cela se sont ajoutées des menaces et harcèlements émises par des membres de l’Action française, élèves à l’Ecole de Management. Pour rappel l’Action française est un groupe fasciste.
Le mardi, vers 22h, les vigiles ont empêché l’accès au campement à certains d’entre nous, prétextant que seulement huit personnes y vivaient alors que nous étions à la base un minimum de vingt sept personnes à y habiter, recevant également des visiteurs. Au lieu d’écouter nos arguments, les vigiles ont décidé d’appeler la Brigade Anti-Criminalité, faisant le choix de la violence institutionnelle et de l’intimidation.
Le jour de notre expulsion à partir de midi la Mairie, prévenue de notre situation a pris le parti de contacter la Préfecture qui nous a promis une solution de logement d’urgence. Engagement pris auprès de la CGT, présente sur place pour nous soutenir nous et les solidaires présent.e.s depuis une semaine. Le soir même, tandis que vigiles et police s’alliaient pour nous expulser, nous n’avions plus de nouvelle de la Préfecture, nous retrouvant sans tente, sans logement, et avec la perte de nombre de nos biens.
La police nous a empêché de récupérer nos affaires nous mêmes, ce qui a eu pour conséquence le vol d’un quart de nos affaires.
Nous habitons donc maintenant au Théâtre de La Criée occupé depuis une semaine, accueillis par les occupant.e.s. Cette occupation est limitée dans le temps, notre habitation en ces lieux est donc incertaine. (...)