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Rue 89
Accès aux soins : l’autre menace de mort pour des milliers de Syriens
Article mis en ligne le 22 octobre 2012

Diabétiques, cardiaques ou cancéreux : les malades chroniques syriens sont en danger, avertit Tawfik Chamaa. Ce médecin genevois originaire d’Alep dénonce l’aveuglement de la communauté internationale et appelle à l’aide.

(...) Ce sont les statistiques de la honte. Des statistiques qui circulent dans les chancelleries occidentales, les agences onusiennes et sur les bureaux de l’Otan. Des statistiques qui annoncent le massacre à venir en Syrie. Celui des cancéreux. Des diabétiques. Des cardiaques. Des femmes enceintes. (...)

« Mais rien ne bouge à cause de la peur des islamistes », dénonce ce docteur originaire d’Alep. (...)

La communauté internationale ferme les yeux sur le drame syrien en justifiant son inaction sous le prétexte qu’il y a peut-être des islamistes qui combattent. Mais que sont 500, 1 000 ou 5 000 extrémistes en comparaison des 23 millions de Syriens dont une majorité combat un régime honni ?

Les femmes et les hommes de la révolution sont des civils, qui en ont assez de Bachar el-Assad. Ce ne sont pas des islamistes. Si on entend les combattants de l’Armée syrienne libre (ASL) dire « Allah Akbar » (Dieu est grand) quand ils détruisent un char, ce n’est pas parce qu’ils sont d’Al Qaeda et qu’ils réclament une guerre sainte contre l’Europe. C’est simplement dans leur culture religieuse. (...)

Nous devions organiser une conférence à Genève sur la situation des femmes dans la guerre et Berne devait assurer la logistique. Mais, depuis quelque temps, je n’ai plus de nouvelles. Les Etats ont peur que nous soignions des militaires alors que notre appui va essentiellement aux civils. (...)

le système de santé s’est arrêté. Les usines de médicaments ont fermé leurs portes. Les hôpitaux sont démunis. Les médecins manquent. (...)

Nous allons vers une catastrophe. Comme si le régime était en train de dire : « Ah ! vous voulez que je tombe, vous voulez me détruire, eh bien vous mourrez avant. »

C’est un crime de guerre et la Syrie est devenue un énorme camp de concentration à ciel ouvert où Bachar el-Assad et les siens punissent 23 millions de personnes. (...)

Les statistiques sont claires à ce sujet. Il y a par exemple 5 000 patients qui se trouvent au stade final de l’insuffisance rénale. Et les médecins syriens diagnostiquaient, avant la guerre, 1 500 nouveaux malades. Il y a, aujourd’hui, un peu plus de 70 000 cancéreux en Syrie. On s’attend aussi à ce que le nombre de femmes mortes en couches explose. (...)

Notre organisation, qui vient de débloquer un budget conséquent pour acheter des médicaments contre les maladies chroniques, les fait passer en contrebande, même si c’est très dangereux. Les bombardements et les attaques aléatoires de l’aviation rendent tout déplacement très risqué. (...)

Ces prochains mois vont être cruciaux. A la différence de l’année dernière, les Syriens n’ont plus rien. Ils manquent de mazout. De nombreuses maisons sont détruites. Les immeubles sont éventrés. Beaucoup vivent sous des tentes, chez des voisins ou dans les couloirs d’autres immeubles. Il est temps que le monde réagisse. Il faut une mobilisation générale. Nos faibles moyens ne suffiront pas à sauver 23 millions de personnes. (...)

le temps presse. La communauté internationale doit, en premier, empêcher que les avions s’attaquent à la population civile en imposant une « no fly zone ». Elle doit condamner Damas pour ses bombardements systématiques et comprendre que, sur le terrain, l’Etat punit les civils. C’est une arme de guerre comme les autres. (...)

Nous revivons la même situation que lors du génocide rwandais ou des tueries en Bosnie. Tout cela parce que le monde a peur d’un conflit régional, que les sunnites s’en prennent aux minorités ou que des islamistes prennent le pouvoir. Or, c’est justement en ne faisant rien qu’elle va faire le lit des extrémistes en Syrie. Bachar tue la vie dans mon pays et tout le monde s’en moque.