
Sébastien, jeune plombier d’Argenteuil, a eu la main arrachée samedi devant l’Assemblée. Un rassemblement de solidarité s’est tenu hier. Son avocat demande d’interdire les grenades GLI-F4. Entretien.
Arié Alimi Il est toujours hospitalisé. Il va très mal. Il est même dans un état dramatique. Car Sébastien n’a pas seulement eu la main arrachée. Son œil a également été touché, son corps est entièrement endolori. C’est un citoyen « ordinaire » au casier judiciaire vierge, qui manifestait samedi avec les gilets jaunes, comme c’est son droit. Nous allons donc engager toutes les démarches pour assurer sa défense. Nous avons d’ores et déjà refusé de répondre à l’IGGN (inspection générale de la gendarmerie nationale – qui a ouvert une enquête –NDLR). Une décision motivée par les différentes déclarations du secrétaire d’État Laurent Nunez, qui a accusé lundi mon client d’avoir voulu commettre des infractions sur les forces de l’ordre. L’IGGN et le parquet étant dépendants du pouvoir, on ne peut avoir aucune confiance en ces gens-là. (...)
Il s’agirait d’une grenade GLI-F4, qui contient 25 grammes de TNT, le même composant qui était dans la grenade qui a tué en 2014 le jeune Rémi Fraisse, dont vous êtes également l’avocat de la famille…
Arié Alimi Je n’ai pas encore l’expertise qui le confirmera mais, selon moi, il s’agit bien d’une grenade GLI-F4, qui contient du TNT. C’est le même composant qui était dans la grenade OF F1, dite « offensive », du TNT, un explosif militaire. Il s’agit d’un matériel de guerre. Alors pourquoi utilise-t-on du matériel de guerre contre des civils en France pendant les manifestations ? Il y a deux mois, le 14 décembre 2018, nous avions, avec des confrères, engagé une saisine du gouvernement pour demander l’abrogation de l’utilisation de ces grenades. Nous n’avons reçu aucune réponse, ce qui démontre le mépris total du gouvernement. Nous allons donc saisir le Conseil d’État pour en demander l’abrogation définitive. (...)
Je suis sidéré par le mépris dont le gouvernement fait preuve à l’égard des victimes. Ce manque de considération est affligeant. Il est révélateur des mécanismes autoritaires mis en lumière dernièrement par le vote de la loi anti-casseurs. (...)
Nous sommes face à un phénomène systémique, avec une volonté délibérée du gouvernement de dissuader les gens d’aller manifester, et d’exercer leurs droits de citoyens.