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À Tunis, le printemps est là
Article mis en ligne le 20 mai 2015
dernière modification le 13 mai 2015

« Tunis, c’est fini. » Eh bien non, Libé (18/03) s’est trompé. Tunis est vivante. Vivante et chaotique. Les avenues bruissent au rythme des taxis jaunes et de la foule d’étrangers venue des quatre coins du monde pour assister au Forum social mondial (FSM).

Les tunisois craignaient que les Occidentaux ne désertent l’événement, une semaine après que le musée du Bardo a souffert d’un attentat meurtrier. Mais la vie ne s’est pas arrêtée. « Quatre ans après la révolution, on en a vu de toutes les couleurs et ce n’est pas cet attentat qui va nous abattre. » Pour Tawfiq Omrane, éditeur et caricaturiste tunisien – qui sévit dans ces pages – comme pour la majorité de la population, la révolution doit porter ses fruits, coûte que coûte. À deux pas de l’avenue Bourguiba, sur la terrasse d’un café, il parle avec ferveur de son pays devant un thé à la menthe. (...)

Le 24 mars, le Bardo rouvrait ses portes en présence d’officiels et de journalistes. Dehors, les participants au Forum, trempés jusqu’aux os par un orage, terminent symboliquement la marche d’inauguration devant le musée meurtri. Les gens sont là pour dénoncer la surpêche ou les dérives du micro-crédit, apprendre à créer une radio pirate, faire parler des peuples sahraoui et palestinien ou de l’annulation de la dette. Ils sont vieux, jeunes, intellos ou adeptes de l’ « action directe ». Ils sont catho, musulmans, islamistes, athées, juifs… Peu importe. Vu la proximité géographique et le prix des billets, beaucoup de Français sont là, aux côtés des Belges, Canadiens, Burkinabés, Maliens et Tunisiens venus par milliers. Puis, 116 autres nationalités et quelque 4 000 associations sont représentées.

Cet après-midi, « on est tous tunisiens ». Herbert, un Chilien exilé, conclut la boule au ventre : « Il faut aider ces Tunisiens, quoi qu’on fasse, mais il faut les aider. » Quand on voit cette masse attroupée, on oscille entre espoir et doute. Mimoun Rehmani, économiste et membre de l’organisation, résume : « Si vous venez au FSM pour discuter et que rien ne suit, je n’en vois pas l’intérêt. Si vous êtes là, marquez votre solidarité avec des causes qui doivent devenir communes. La solidarité internationale, c’est aussi se soucier de ces diplômés chômeurs en grève de la faim… »