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Paris-Luttes infos
À Porte de la Chapelle le 2 avril 2019, une femme somalienne est morte de rue.
Dimanche 21 avril, 14h, manifestation à la porte de la Chapelle en hommage à la femme somalienne morte de rue.
Article mis en ligne le 21 avril 2019

Elle a été retrouvée sous le pont de l’échangeur, près d’un matelas et d’une tente, sous une couverture.

Elle était Somalienne, c’était une femme âgée. Elle était enfermée dehors, assignée à résidence dans la rue. Elle était gazée chaque matin par les flics, réveillée à coups de pied, usée par la file d’attente de Cergy, de Clignancourt, jouant à la loterie du logement à coups de jetons chez France Horizons tous les matins à 8h au métro Cité à 100 m de la préfecture, ou au « squat officiel » des Grands Voisins à Denfert Rochereau.

Elle était de la rue et dans la rue, là où par le froid, la faim et les talons qui claquent, l’État mène la chasse aux Noirs, aux Arabes, aux Rroms, à tout··es celles et ceux à la mélanine suspecte.

De la rue, on meurt à toutes les saisons.
Quand au printemps, saison de l’expulsion, on ferme des CHU comme celui de Jean Quarré, quand on arrache les portes des chambres d’hôtel comme de la mauvaise herbe.
En été, quand la préfecture lance la saison des rafles, que Mme Hidalgo coupe l’eau et l’accès aux bains publics et met en place un arrosage automatique dans les jardins de Villemin et d’Eole pour en chasser les migrant·e·s qui y dorment. (...)

elle est morte de plein droit, tellement saturée de droit sous les coups d’arrêtés administratifs qui l’assignaient à l’illégalité, qu’elle en a étouffé sous une couverture imbibée de pisse et de pluie.

La justice dont ils parlent est un stigmate, ils l’écrivent dans la chair de toutes celles et tous ceux qui ne sont pas assez blanc·he·s pour avoir droit de cité. Leur justice tue comme leurs matraques, mais en silence, à la chaîne, sans spectacle, en taisant et en étouffant le nom de ses victimes.

Nous refusons de réclamer au droit quoi que ce soit, car c’est lui qui organise la mort des sans-papiers.

Nous ne voulons pas de « mise à l’abri », mais chasser la police de nos rues et que les maraudes deviennent toutes des brigades anti-rafles.. (...)

Cette femme aurait pu être notre camarade. Avec ou sans nom, elle ne restera pas anonyme. Car nous lui organisons une cérémonie pour que sa famille et ses ami·e·s puissent la pleurer dignement. Car nous lui montons une sépulture pour que personne ne puisse oublier le lieu du crime, en allant y monter sa tente comme on irait s’y recueillir.

Notre deuil est une lutte pour sa dignité, à elle et tous les autres anonymes assassiné·e·s en prison, dans les montagnes, aux frontières, dans les avions, dans les tribunaux, en Méditerranée-

Mais nous sommes aussi enragé·e·s.(...)