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L’Humanité
À Menton, le droit d’asile reste en péril
Article mis en ligne le 26 février 2018

Dans les Alpes-Maritimes, les associations ont saisi le tribunal administratif sur le cas de vingt enfants non accompagnés refoulés vers l’Italie le week-end dernier.

Gérard Collomb l’assure à ses nombreux détracteurs : « Si vous ne réglez pas un certain nombre de problématiques, en faisant respecter la loi, vous générez un mouvement qui conduit à l’extrémisation des esprits. » Cette droiture juridique, martelée lors de la présentation hier de son projet de loi asile immigration, le ministre de l’Intérieur ferait bien de l’exporter du côté de la frontière franco-italienne… Car, peut-être l’ignore-t-il, là-bas, les atteintes aux droits des étrangers sont légion, comme ont pu le constater durant tout un week-end les représentants de plusieurs associations de soutien aux migrants.

Samedi et dimanche derniers, ces militants, réunis au sein d’une coordination qui rassemble cinq associations (1), ont observé le sort réservé aux dizaines de migrants qui franchissent la frontière pour arriver sur le territoire français. Ils se sont notamment postés devant le local de la police aux frontières (PAF) de Menton-Pont Saint-Louis (Alpes-Maritimes) et, quelques centaines de mètres plus loin, à la petite gare de Menton-Garavan. En l’espace de 22 heures, ils ont comptabilisé 94 interpellations. Et, surtout, assisté à une stratégie de refoulement systématique vers l’Italie, dont de nombreux enfants non accompagnés, empêchant toute demande d’asile éventuelle ou de protection. (...)

Le mode d’action des policiers est parfaitement rodé, expliquent les associations. L’ensemble des trains arrivant à la gare de Menton-Garavan sont contrôlés, tous les passagers qui paraissent aux yeux des CRS correspondre à un migrant – notamment les personnes noires – sont débarqués, alignés dans le local de la PAF, et, s’il s’avère qu’ils ne sont pas en règle, reçoivent immédiatement une fiche de « refus d’entrée sur le territoire français ». « Pour aller plus vite, les cases sont souvent préremplies par les policiers, notamment celle mentionnant : “Je veux repartir le plus rapidement possible” », assure Agnès Lerolle, qui coordonne l’action des différentes associations. Aucune possibilité de déposer une demande d’asile, d’accéder à un interprète ou de formuler un recours devant le tribunal administratif ne semble possible. (...)

Ces vingt cas ont été débattus hier matin devant le tribunal administratif de Nice, saisi en référé par les associations. Signe de l’enjeu politique, le préfet Georges-François Leclerc, déjà condamné à deux reprises pour des atteintes au droit d’asile, est venu en personne défendre l’indéfendable. (...)