
On l’avait très peu entendu depuis lundi matin. Jean-Claude Gaudin s’était alors déplacé rue d’Aubagne, en plein cœur de sa ville, où les deux immeubles des numéros 63 et 65 se sont effondrés d’un seul coup. Le maire (LR) de Marseille avait alors dit qu’il redoutait des victimes dans la catastrophe. Depuis, sept cadavres ont été extraits des décombres et les travaux de recherches ont dû être interrompus mercredi soir, deux bâtiments voisins menaçant de tomber. Face à cette situation complexe pour les secouristes, le maire a signé un arrêté permettant la déconstruction des numéros 69 et 71 pour permettre la reprise des recherches de victimes.
Et c’est jeudi matin, dans sa mairie, que Jean-Claude Gaudin, le visage fermé, entouré de ses adjoints, a enfin répondu aux nombreuses questions soulevées par la catastrophe sur la gestion municipale en matière de logement indigne. « L’heure n’est pas aux polémiques mais au deuil », a avancé le maire pour justifier sa discrétion. Car depuis l’accident, son silence tranche avec la colère qui gronde dans la ville : mercredi soir, les habitants de Noailles se sont réunis pour dénoncer l’abandon de leur quartier, un îlot populaire parmi beaucoup d’autres, oublié par la politique municipale. L’effondrement des immeubles rue d’Aubagne a aussi entraîné une réaction d’affolement : dans la journée de mercredi, les services de la ville ont reçu 51 signalements d’immeubles à risque qui ont nécessité 37 interventions et quatre évacuations.
Après le choc du drame, l’inquiétude se généralise et l’équipe de Jean-Claude Gaudin est au centre du viseur. Face aux médias, Gaudin a tenté de diluer la responsabilité de sa municipalité. (...)
« Tout ce qui les intéresse, c’est la ville pour les touristes et Euroméditerranée, poursuit Patrick Lacoste. C’est la stratégie que leur ont vendue les bureaux d’études : pour l’instant, les croisiéristes font le tour du Vieux-Port et repartent. Il faut les faire rentrer dans la ville. Alors on travaille les grands axes - la Canebière, Longchamp, la rue de la République. L’objectif est d’étendre le périmètre de chalandise orienté tourisme. Les Marseillais, surtout les pauvres, peuvent attendre. »
Evacué aussi l’argument du manque d’outil législatif pour agir sur les propriétaires privés : « Pourquoi les mêmes procédures marchent à Paris, Lyon ou Bordeaux ? rétorque Patrick Lacoste, de Centre-ville pour tous. Ils parlent de 35 millions d’euros investis depuis 2005 pour l’aide à l’éradication de l’habitat indigne, mais la ville de Nice dirigée par Estrosi met dix fois plus ! Ce n’est donc pas une question de couleur politique, mais de choix politique. Ils sont dans le déni absolu. »