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Claude Guillon
À LA GUERRE SOCIALE COMME À LA GUERRE !
lundi 11 octobre 2010.
Article mis en ligne le 12 octobre 2010

Retraites, offensive et terrorisation : Notes instructives pour une prise d’armes

À la suite des émeutes du quartier de La Villeneuve, à Grenoble, Nicolas Sarkozy annonce en conseil des ministres, le mercredi 21 juillet 2010 « une véritable guerre contre les trafiquants ».

Le 30 juillet 2010, à Grenoble, après des incidents consécutifs au décès d’un braqueur abattu par la police, il fait le lien entre la délinquance et « cinquante ans d’immigration insuffisamment régulée, qui ont abouti à mettre en échec l’intégration ». Il appelle à une « guerre nationale » contre cette délinquance, ainsi dénoncée comme d’origine étrangère.

1. De quelle « guerre » s’agit-il ? (...)

que ce recours systématique au thème de la guerre s’inscrit sur le moyen terme (quarante années) et ne saurait être considéré comme une simple rodomontade ou une question de « style » propre au seul Nicolas Sarkozy.

Il indique bien plus tôt une tendance de fond des patronats et États occidentaux à mettre à profit la mondialisation pour revenir à une gestion capitaliste plus violente, présentant les conquêtes ouvrières comme des archaïsmes : services publics, droits sociaux et syndicaux, etc.

Tandis qu’une guerre mondiale permanente et tournante permet, « à l’extérieur », de gendarmer le monde et d’assurer la circulation des sources d’énergie (Irak, Afghanistan, Kosovo), la terrorisation démocratique devenue mode de gouvernement est l’instrument d’une guerre tout aussi réelle : la guerre des classes. (...)

Il apparaît que les membres des forces du maintien de l’ordre sont victimes des mêmes modes de management que les autres travailleurs, et qu’ils s’en rendent compte. Par ailleurs, le fait que les fusils soient désormais pointés sur leurs têtes, et non plus seulement dans le dos des jeunes de banlieue, semble provoquer une amorce de prise de conscience de la violence de la « guerre » à laquelle appelle M. Sarkozy depuis huit ans, et dont ils sont la piétaille. (...)

La seule préoccupation des gestionnaires, de « droite » comme de « gauche », également commune aux dresseurs de chiens et aux publicitaires, est donc bien le conditionnement, des produits et de ceux qu’il faut convaincre de les convoiter. (...)

une réelle politique raciste ou de purification ethnique peut très bien être menée sans référence explicite à la « race » de ses victimes. De même, nous n’ignorons pas qu’il peut exister des camps de concentration dépourvus de chambres à gaz, la République en a ouvert aux combattants espagnols, et même de clôtures barbelées, les staliniens (et les tsars avant eux) en ont peuplé la Sibérie. (...)

l’arsenal de terrorisation ne peut être considéré comme un ensemble de textes « d’exception », monstrueuse excroissance qu’il suffirait ou même qu’il serait possible de retirer par quelque opération chirurgicale, mais comme la traduction d’une logique de guerre intérieure qui irrigue l’ensemble de la législation pénale et civile et sert de modèle à ses réformes successives.(...)

J’ajoute tout de même que l’échec de l’actuel mouvement qui prend la défense des retraites comme occasion de se manifester ne signifierait nullement la fin de la lutte des classes ou la victoire définitive des gestionnaires de la terrorisation. « Si on perd cette fois, c’est mort ! », entend-je dire. Mais non. La vie sera certes rendue plus difficile, tout comme la complique la disparition du service public de la poste et comme la menacera la disparition programmée du service public de la santé. Cela n’est pas rien, mais cela n’est pas la fin de l’avenir, la fin de l’histoire, que nous écrivons ensemble.