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Le Monde
A Calais, après vingt ans de crise migratoire, un épuisement généralisé
Article mis en ligne le 27 juillet 2021

Bénévoles et habitants ne voient toujours pas d’issue dans cette ville qui attire encore des milliers d’exilés

(...) Zenawi balaye l’endroit du regard, puis lance : « Ça fait peur. »

Quelques heures plus tôt, le jeune homme est arrivé à la gare ferroviaire de Calais-Fréthun, bagages en main. En ville, il a demandé quoi faire, où aller. On lui a indiqué ce camp situé près de la rocade portuaire, où vivotent principalement des Erythréens. Ici, les détritus jonchent le sol et certaines silhouettes sont amaigries. Après avoir passé six ans en Suisse, où sa demande d’asile a été rejetée plusieurs fois, le dernier espoir de Zenawi se situe désormais de l’autre côté de la Manche, en Angleterre. Il demande : « Combien ça coûte pour passer là-bas ? »

Abderrahmane, un Soudanais de 17 ans, est à Calais depuis un mois. Il flotte dans ses vêtements et marche en tongs. Le jeune homme est installé dans un autre camp de la ville, situé dans la zone de l’hôpital, où se concentrent environ 500 personnes. Là, en s’enfonçant, on aperçoit sous les feuillages des bâches trouées, des couvertures de survie, une paire de gants, des boîtes de conserve vides. (...)

Tous les soirs, Abderrahmane dort sous un arbre avec son duvet. Il n’a pas de tente. Pour trouver le camion qui l’emmènera en Angleterre, il dit qu’il se débrouille tout seul : il n’a plus d’argent pour payer les passeurs. (...)

Après vingt ans de crise humanitaire, les destins des migrants de passage à Calais se brisent toujours au sein de cette ville qui les plonge dans un abîme de misère. D’après les chiffres des associations et de la préfecture du Pas-de-Calais, entre 900 et 2 000 exilés sont présents sur le littoral, principalement des Erythréens, des Soudanais, des Afghans, des Iraniens et des Syriens, parmi lesquels de plus en plus de femmes et d’enfants. Après vingt ans de crise humanitaire, cette détresse laisse place à un épuisement généralisé, des bénévoles aux habitants, qui ne voient toujours pas d’issue.

Des évacuations toutes les quarante-huit heures (...)

Depuis le début de l’année, plus de 8 000 exilés ont rejoint le Royaume-Uni à bord de « small boats » – des petites embarcations de fortunes –, presque autant que sur l’ensemble de l’année 2020. (...)