Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Libération
A Bagdad, 15 ans après l’invasion, les grands rêves anéantis
Article mis en ligne le 6 avril 2018

Il y a 15 ans, Abou Ali s’est réjoui en voyant entrer les soldats américains dans Bagdad. « Le tyran est fini, l’Amérique va s’occuper de nous », avait-il pensé, imaginant un avenir radieux sans Saddam Hussein.

Mais les années qui ont suivi n’ont apporté que malheurs et désolation, se lamente aujourd’hui cet Irakien de 61 ans devant les photos de trois de ses fils, emportés par des attentats.

Car depuis l’invasion emmenée par les Etats-Unis en mars 2003, l’Irak, tout juste sorti de près d’un quart de siècle de dictature, s’est enfoncé dans la violence.

Les affrontements communautaires, principalement entre chiites et sunnites, puis les attaques jihadistes ont fait des dizaines de milliers de morts.

Les plaies qu’ils ont ouvertes sont toujours béantes, faute d’une politique de réconciliation ou d’une relance économique qui aurait pu permettre de tourner la page. (...)

si « les Américains avaient un plan pour renverser Saddam Hussein, ils n’en avaient aucun pour l’après-Saddam ».

 « Catastrophe sur catastrophe » -

Certes, les institutions de l’Etat ont été démantelées, la « débaassification » —du nom du parti Baas de Saddam Hussein— lancée et l’opposition en exil est revenue.

Mais très rapidement, l’ancienne opposition à Saddam désormais sur le devant de la scène s’est divisée, la corruption est devenue endémique et les tensions communautaires ont émergé, avivées par les milices nées du vide sécuritaire créé par le démantèlement des forces de sécurité orchestré par les Etats-Unis.

« Nous pensions avoir un système fédéral et démocratique et nous avons eu le confessionnalisme et le chauvinisme », accuse Raouf Maarouf, dirigeant du parti d’opposition kurde Goran.

Toutes les institutions ont été touchées (...)

Ceux qui ont payé le plus lourd tribut, assurent leurs représentants, sont les membres des nombreuses minorités ethniques et religieuses d’Irak.

« Notre pays a connu catastrophe sur catastrophe depuis 15 ans », déplore ainsi le patriarche catholique chaldéen, Louis Raphaël Sako, qui a vu sa communauté se réduire comme peau de chagrin.

En fait, résume M. Charea, depuis 15 ans, l’Irak fait « un pas en avant et cinq en arrière ».