
Dans un dossier de presse intitulé « De l’attentat du Rainbow Warrior à aujourd’hui : la lutte pour la paix et l’environnement continue », Greenpeace France revient sur l’attentat contre le Rainbow Warrior, perpétré par les services secrets français en 1985 pour tenter de faire taire l’opposition de Greenpeace aux essais nucléaires en Polynésie, ainsi que sur la répression dont sont victimes les mouvements écologistes et sociaux aujourd’hui.
2025 : Greenpeace commémore deux événements fondateurs de son histoire
L’année 2025 marque le quarantième « anniversaire » de deux événements majeurs et emblématiques de l’histoire de Greenpeace, qui ont façonné son engagement pour la justice environnementale et la solidarité internationale. En parallèle, l’organisation, ainsi que tous les mouvements de contestation, font face à une répression grandissante et inédite.
Mai 1985 : l’opération Exodus en solidarité avec les îles Marshall
En 1985, l’équipage du Rainbow Warrior I participait à l’évacuation des habitant·es de Rongelap [1], dans la République des Îles Marshall, contraint·es de fuir leurs terres contaminées par les essais nucléaires américains menés entre 1946 et 1958.
Près de trente ans après les explosions américaines, les communautés du Pacifique portaient de lourdes conséquences physiques, économiques, émotionnelles et culturelles des essais nucléaires les plus puissants et dévastateurs menés par les États-Unis sur leurs territoires.
Greenpeace entretient depuis un lien étroit avec ce peuple impacté, soutenant ses revendications de justice, de vérité et de réparations.
En mars 2025, à l’invitation du gouvernement marshallais et de sa population, le Rainbow Warrior III est retourné sur place pour honorer la mémoire des victimes, documenter les impacts persistants des essais et réaffirmer la solidarité de Greenpeace dans leur combat.
L’attentat du Rainbow Warrior : mort de Fernando Pereira et destruction du navire emblématique
Après sa mission de solidarité dans les Îles Marshall, le Rainbow Warrior mettait le cap sur la Nouvelle-Zélande, dans l’objectif de se rendre ensuite à Moruroa pour protester contre les essais nucléaires français.
Mais le 10 juillet 1985, alors qu’il mouillait dans le port d’Auckland et s’apprêtait à rejoindre la zone des essais nucléaires français, le navire est coulé par deux explosions, et Fernando Pereira [2], photographe et militant de Greenpeace, meurt dans cet attentat.
Dans les semaines qui suivirent, les preuves d’un sabotage commandité par le gouvernement français s’accumulèrent, le forçant à reconnaître sa responsabilité sous la pression internationale : le bateau a bien été coulé par les services secrets français qui ont probablement agi sur ordre du président Mitterrand.
Cette attaque visait à empêcher Greenpeace de dénoncer les essais nucléaires français en Polynésie. Charles Hernu, ministre de la Défense du gouvernement Mauroy, dut démissionner.
Quarante ans plus tard, cette tragédie reste un symbole fort de la répression subie par les mouvements écologistes.
En juillet 2025, le Rainbow Warrior III reviendra dans le port d’Auckland là où, il y a quarante ans, son prédécesseur avait été coulé lors de cet attentat qui marqua durablement l’histoire de Greenpeace.
En 2025, la pression sur les défenseur·euses de l’environnement persiste sous de nouvelles formes
Aux États-Unis, des entités de Greenpeace USA et Greenpeace International sont visées par une procédure-bâillon d’une ampleur inédite, initiée par une entreprise pétro-gazière. Le procès, qui a eu lieu en mars, a condamné Greenpeace à une amende de 660 millions de dollars.
En France, tout récemment, des militant·es sont placés en garde à vue et leurs domiciles perquisitionnés pour des graffitis à la craie en amont de la Conférence des Nations unies sur l’océan [3] ; les autorités françaises interdisent l’accès du navire Arctic Sunrise de Greenpeace International au port de Nice, où se déroule le sommet [4] ; des activistes ont été privés de liberté depuis plus de 60h pour une action de désobéissance civile non-violente et mis en examen dans le cadre de l’action au musée Grévin [5] ; des parlementaires de droite et d’extrême droite ont tenté à plusieurs reprises de priver notre organisation d’une partie de ses ressources en réclamant la fin des avantages fiscaux sur les dons qui nous sont octroyés… Les exemples de tentatives de musèlement sont nombreux.
Qu’elles soient physiques, judiciaires, politiques ou médiatiques, ces attaques traduisent une volonté manifeste de faire taire toutes celles et ceux qui dénoncent les dérives d’un modèle fondé sur l’exploitation et la destruction. Elles révèlent l’ampleur des intérêts en jeu, mais aussi la puissance de l’engagement citoyen lorsqu’il dérange.
Face à cela, la détermination de Greenpeace reste intacte. Pour Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France :
« Une démocratie véritable ne peut exister sans la liberté d’expression. Celles et ceux qui s’engagent pour la protection de l’environnement doivent être écoutés, protégés, et non criminalisés. La commémoration de la tragédie du Rainbow Warrior est une occasion de rendre hommage à Fernando Pereira, victime de l’attentat, ainsi qu’à toutes celles et ceux qui, aujourd’hui encore, luttent avec courage aux quatre coins du monde. Par leur engagement et leur ténacité, ces femmes et ces hommes osent affronter l’injustice, rompre le silence et défier des systèmes destructeurs, souvent au péril de leur liberté, parfois de leur vie. Les nombreuses tentatives d’intimidation à l’égard des militantes et militants non-violents soulignent la nécessité impérieuse de garantir cette liberté, de protéger les lanceuses et lanceurs d’alerte, et de défendre toutes celles et ceux qui œuvrent pour la justice climatique, la préservation du vivant et les droits fondamentaux ».
Quarante ans après ces événements, Greenpeace continue de résister et d’agir
Si la nature de la répression a changé, le fond demeure : les militant·es écologistes continuent de déranger.
En 2025, alors que les menaces s’intensifient (détricotage des avancées environnementales, montée du climato-scepticisme…) et que la pression sur les défenseur·euses de l’environnement persiste sous de nouvelles formes (procédures judiciaires abusives, intimidations, surveillance…), Greenpeace poursuit inlassablement sa mission : construire un avenir écologique, juste et pacifique pour toutes et tous.