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Marc Levy introuvable en librairie : son roman menacé de grève
#edition #multinationales #Kretinsky.
Article mis en ligne le 2 octobre 2023
dernière modification le 1er octobre 2023

Les employés d’Editis envisagent de débrayer, et pas n’importe quand : à la parution du 25e opus de Marc Levy, La Symphonie des monstres, prévue ce 17 octobre. En empêchant la commercialisation du livre, les syndicats visent la direction d’Editis, pour la forcer à respecter les engagements salariaux pris. Car ces augmentations tardent toujours à se refléter sur les revenus. Et Marc Levy, servant d’otage, en fera donc les frais.

(...) En octobre 2022, la direction d’Editis et les organisations syndicales représentatives signaient un constat de discussion « portant notamment sur les négociations relatives à la rémunération ». Cette concertation complétait les négociations déjà à l’œuvre, pour l’ensemble du groupe.

Les parties avaient ainsi conclu à des augmentations de salaire effectives au 1er janvier 2022 et l’instauration d’un forfait mobilités durables. L’inflation aidant, la direction d’Editis acceptait d’anticiper exceptionnellement les NAO, « avant l’ouverture du nouvel exercice ». De nouvelles hausses étaient validées, suivant différentes tranches de revenus, selon les documents qu’a consultés ActuaLitté. (...)

Europe, terre de paix...

En milieu de semaine, la Commission européenne officialisait les premières conclusions concernant le rachat d’Editis par Daniel Kretinsky. (...)

dans un délai de cinq semaines maximum, Bruxelles validera la candidature de l’acquéreur (ou non). La suite sera un déroulé de dominos avec pour conclusion que Vivendi deviendra pleinement propriétaire de Hachette Livre. (...)

Mais dans l’intervalle, la direction d’Editis joue la montre : « Nous affinons un projet de grève, motivée par le pouvoir d’achat : nous avons formulé des demandes d’augmentation de salaire, voilà deux mois. Pour unique réponse, on nous rétorque que nous sommes sous tutelle et que cela paralyse tout. Que sans nouvel actionnaire, rien ne peut être décidé », affirme Raj Gungoosingh, représentant CFDT. (...)

Couper l’alimentation en livres (...)

En cas de mouvement social, pas de Marc Levy, et d’autres avec lui ? Le risque est d’autant plus désagréable que le romancier aurait été pressenté chez Albin Michel, bien que toujours publié par Robert Laffont, filiale d’Editis – rumeur infirmée toutefois (...)

Un débrayage forcera-t-il la main de l’actuelle direction ? « On savonne la planche en interne, pour laisser une entreprise dévastée : on nous encourage même à faire grève, mais une fois que l’actionnaire sera en possession de la société », nous assure une source interne. « La direction n’attend que ça : que soit déclenchée une grève qui discréditera le repreneur. »

Comprendre : Denis Olivennes, l’homme fort de Daniel Kretinsky. « Et dans l’intervalle, on a le sentiment que le capitaine saborde le navire pour le voir couler. » (...)

Dans l’intervalle, combien d’ouvrages seront victimes des tensions entre la direction, quasi démissionnaire, et les salariés promenés par le bout du nez ? Et combien de maisons partenaires s’agaceront de cette situation, à l’instar des éditions du Cerf qui rejoindront Madrigall en janvier 2024, confiant leur diffusion / distribution à la Sofédis et la Sodis ? (...)

Lire aussi :

 (l’Humanité)
Marianne, Elle, Casino, Atos... Enquête sur Daniel Kretinsky, le nabab tchèque qui rachète la France

Récent repreneur de Casino et d’Atos, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky est l’un des hommes d’affaires les plus mystérieux d’Europe. Il se construit pourtant un empire industriel dans l’Hexagone, à cheval entre les médias et la grande distribution. Qu’est-ce qui fait courir Daniel Kretinsky ? (...)

Un milliardaire tchèque à l’assaut de l’Europe

Ses proches le décrivent comme un intellectuel féru de culture tricolore – il parle un français impeccable –, dont le mode de vie tranche avec les outrances tape-à-l’œil de certains milliardaires : il n’a ni yacht ni hélicoptère, il ne possède aucune île privée aux Bahamas. « L’essentiel de sa vie tourne autour du travail, assure à l’« HM » un proche de l’homme d’affaires. Sa journée s’achève à 20 heures, puis il passe la soirée en famille ou entre amis. Et à 23 heures, il se remet au boulot jusqu’à trois heures du matin. Il vit à Prague, sort très peu et vient à Paris une fois par semaine. » (...)

Cet été, Kretinsky a ainsi mis la main sur le géant Casino, surendetté par la folie des grandeurs de son président, Jean-Charles Naouri. Une bonne opération, selon Frank Rosenthal, spécialiste de la grande distribution (...)

Et le social dans tout ça ? Dans sa proposition de reprise, le milliardaire tchèque assurait vouloir défendre la pérennité des emplois. Mais les 50 000 salariés du groupe redoutent toujours que le démantèlement de Casino, lancé avant son rachat, ne se poursuive dans les mois à venir, avec la vente de plus d’une centaine de magasins à l’enseigne Intermarché. Début octobre, 57 d’entre eux doivent d’ailleurs opérer la bascule, au grand dam des salariés qui craignent une dégradation des conditions de travail. (...)

Un magnat de la presse « macron-compatible »

Venons-en à la dernière pièce du puzzle. Si Kretinsky a glané son surnom de Citizen K (en référence au film « Citizen Kane », d’Orson Welles), c’est en raison de sa passion pour les médias. Actionnaire indirect du « Monde », il a mis la main sur un nombre de titres impressionnant : « Elle », « Télé 7 jours », « Marianne », « Franc-Tireur », « Usbek & Rica », « Version Femina », etc. CMI France, qui rassemble toutes ses participations dans la presse magazine, se positionne comme le deuxième plus gros éditeur du secteur. Dans une (rare) interview accordée à « Canal Plus », en 2019, Daniel Kretinsky assurait être mû par le désir « d’apporter une contribution à la société » et de « protéger les valeurs de la démocratie libérale en Europe », face au « populisme ». « Nous n’avons pas d’activité économique en France, donc il n’y a pas de conflit d’intérêts », concluait-il. Une assertion peut-être valable en 2019, mais beaucoup moins en 2023 !

Kretinsky marche sur les pas de tous les grands capitalistes de l’Hexagone, qui considèrent la presse comme un vecteur d’influence et de respectabilité incontournable (...)

À l’inverse d’un Vincent Bolloré, engagé dans une croisade réactionnaire, la cohérence idéologique des investissements de Kretinsky ne saute pas aux yeux (...)