
C’est une surprise de taille. 20 Saoudiennes ont été élues aux élections municipales du 12 décembre. Une première dans ce pays ultra-conservateur qui vient seulement d’accorder l’éligibilité et le vote aux femmes.
(...) Au total, elles sont 20 femmes a avoir arraché la victoire et peut-être une 21ème arrivée ex æquo avec un candidat. « Un tirage au sort doit les départager », a indiqué le porte-parole de la Commission électorale, cité par l’AFP.
Certes, ce nombre ne représente qu’un centième des 2106 élu.e.s dans les conseils municipaux. Mais il n’en est pas moins inattendu. « Ce serait une très grande surprise » si des femmes étaient élues, déclarait la veille de l’élection un diplomate occidental. Les candidates elles-mêmes n’espéraient pas tant (...)
Pour cette première élection ouverte, les femmes représentaient 10% du corps électoral. Elles étaient 130 637 inscrites, pour plus de 1,35 millions d’ hommes. Dans certaines régions, le taux de participation des femmes a atteint les 80%.
Dans les faits, Human Rights Watch rapporte le parcours de combattantes des électrices. Outre l’interdiction de conduire, les femmes devaient prouver leur identité : « Bien que les autorités permettent désormais aux femmes de posséder leur propre carte d’identité, beaucoup ne l’ont pas encore », soulignait l’ONG. « Elles peinent aussi à prouver leur lieu de résidence », dans la mesure où ce sont les hommes qui détiennent la propriété.
Non-mixtes, seulement un tiers des bureaux de vote étaient destinés aux femmes et « beaucoup étaient difficiles à trouver », affirme l’ONG. Les candidates n’avaient d’ailleurs pas eu droit de débattre avec leur homologues masculins en face-à-face. La campagne se jouait plutôt sur les réseaux sociaux dans un pays qui compte le plus grand nombre d’utilisateurs. Cette victoire « Nous l’avons arrachée à la gueule du lion », a déclaré Rasha Hifzi, une des 20 femmes élues.
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Une note d’optimisme alors que seulement 25% de la population est allée voter. Une sorte de boycott dans un pays où le pouvoir reste entre les mains de la famille royale, où les seules élections municipales sont ouvertes au peuple, où la charia est imposée de manière très stricte, contrôlant le quotidien des habitant.e.s.
« L’Arabie saoudite doit franchir immédiatement des étapes pour en terminer avec toutes ces discriminations envers les femmes dans le royaume », a demandé Philip Luther, le directeur adjoint d’Amnesty International pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. (...)
Reste encore au Ministère des Affaires municipales de désigner un tiers des conseillers municipaux pour siéger avec les 2106 élu.e.s de samedi 12 décembre. « L’objectif immédiat est d’obtenir une représentation de 50% de femmes pour ces sièges », ambitionne Iman Fallata, fondatrice de la « Baladi Initiative », interviewée par l’AFP.