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1er mai, Macron réécrit l’histoire. Retour aux racines à Fourmies en 1891
Christophe Lasterle, Professeur d’histoire
Article mis en ligne le 2 mai 2020

A Fourmies, le 1er mai 1891, les grévistes réclament la journée de 8 h. 9 manifestants meurent, sous les balles du tout nouveau fusil Lebel. 2020, les personnels soignants meurent faute d’être équipés. Et le président Macron poste une vidéo pour honorer l’esprit du 1er mai. Honteux quand on connait la politique menée depuis 3 ans à l’égard des travailleurs qui défendent leurs droits dans la rue.

A Fourmies, le 1er mai 1891, malgré les interdictions patronales, les grévistes défilent dans cette cité textile du Nord, pour réclamer la journée de 8 heures. Une bousculade, des tirs… Neuf manifestants meurent, sous les balles du tout nouveau fusil Lebel. 129 ans plus tard, les personnels soignants en « 1° ligne d’un combat contre un satané virus » meurent faute d’être équipés. Et le président Macron poste une vidéo pour honorer l’esprit du 1er mai. C’est honteux de sa part quand on connait la politique menée depuis 3 ans à l’égard des travailleurs qui défendent leurs droits dans la rue. Et parmi ces travailleurs se trouvaient quantité de personnels soignants célébrés depuis 2 mois tels des héros de la Nation. Ils ne manquaient pas de manifester contre le manque de moyens de l’hôpital public peu à peu déshabillés par des plans successifs de cure d’austérité.

A Fourmies, les soldats français qui ont tiré à bout portant sur des gamins de 16, 18, 19, 20 ans….. disposaient du fusil dernier cri capable de tirer 9 balles de 8 mm. Hier martyrs de la guerre sociale faite aux travailleurs à Fourmies, aujourd’hui martyrs les travailleurs payent un trop lourd tribut à la guerre sociale que l’Exécutif leur fait jour après jour. Son intervention aujourd’hui est scandaleuse. Il réécrit l’histoire à son profit.

C’est donc ça l’esprit du 1er Mai joyeux et chamailleur ?

En 1891 à Fourmies, la journée du 1er mai portait les revendications des travailleurs portes étendards d’un monde ouvrier exploités et misérables qui réclamait la journée de 8h (semaine de 48h). Ce jour-là ils sont jeunes et nombreux à être tombés sous les balles de l’Armée française équipée du tout nouveau fusil Lebel. Ils se nommaient Maria Blondeau (18 ans), Louise Hublet (20 an), Ernestine Diot (17 ans), Félicie Tonnelier (16 ans), Kléber Giloteaux (19 ans), Charles Leroy (20 ans), Emile Ségaux (30 ans), Gustave Pestiaux (14 ans) et Emile Cornaille (11 ans). Camille Latour (16 ans) décèdera le lendemain.

Si 4 d’entre eux ne participaient pas à la manifestation du 1 mai, les autres revendiquaient la baisse du temps de travail. Ils sont morts sous les balles des soldats français.

Comment celui qui veut à toutes forces (matraques, gaz, lacrymogènes et pour finir article 49 alinéa 3 imposer aux travailleurs son inique réforme des retraites par une pension toujours plus basse et un allongement des années de labeur, peut-il avoir l’audace de faire un tweet aujourd’hui et une vidéo dans laquelle il apparait bronzé dans un costume resplendissant pour avoir une pensée pour les travailleurs qu’il a participé à méthodiquement déshabiller ? Les soldats de 1891 avaient des fusil tout neufs, ceux de 2020 manquaient de masques, de blouses..... Honteux. (...)

Non le 1er Mai n’est pas la Fête du travail et des travailleurs à l’origine.

Contrairement à une idée trop répandue, le 1er mai, quand bien même le Maréchal Pétain (son régime de triste et douloureuse mémoire, celui des Années noires de l’Occupation, sa dictature autoritaire, antisémite et collaborationniste) a fait du 1er un jour férié et la fête du travail et des travailleurs, la signification originelle était tout autre. C’était (et doit rester plus que jamais) la journée internationale des revendications des travailleurs, marquée par le sang des travailleurs depuis 1886 ?

Le 1er mai était, est et restera un moment fondateur de la lutte des classes, car celle-ci n’a pas disparue. Quoi qu’on en dise et en pense.

Le massacre de Fourmies en 1891 est un épisode majeur de la guerre sociale menée hier par les gros patrons pour exploiter la classe ouvrière. Et c’est encore à l’œuvre aujourd’hui.

Quand le patron du MEDEF, Goeffroy Roux de Bézieux s’attaque au droit du travail et souhaite supprimer des congés-payés, des jours fériés et allonger le temps de travail en pleine crise sanitaire, la guerre sociale est réactivée. Non elle n’a jamais cessé en somme. (...)

Non Monsieur le président, le 1er Mai n’est pas le symbole d’une Nation unie, mais au contraire d’une guerre sociale maquillée en Fête du Travail et des travailleurs depuis 1941. Non M. Macron, il n’y a plus d’unité dans notre pays et honorer par cette vidéo les travailleurs que vous avez mis en danger par votre minable gestion de crise sanitaire, c’est honteux de la part d’un Homme d’Etat. Vous ne pourrez jamais vous racheter une virginité. Votre responsabilité dans les milliers de morts que déplorent le pays et plus encore les familles est entière. Vous n’êtes pas seul, mais vous en êtes. Et au sommet de la chaîne des responsabilités. (...)