Sommée de compléter sa déclaration d’intérêts, dans laquelle elle avait omis plusieurs mandats, la nouvelle ministre du Travail, bientôt en charge de la réforme des retraites, a des liaisons dangereuses avec le privé.
Élisabeth Borne a fort à faire. À 59 ans, l’ex-ministre de la Transition écologique hérite du portefeuille du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion. À son ancienne fonction, elle avait pour tâche de faire oublier François de Rugy, pincé en plein « homardgate ». Rue de Grenelle, elle devra faire mieux que Muriel Pénicaud, coutumière des boulettes et des « à peu près ». Surtout, l’ancienne directrice stratégique de la SNCF aura pour mission de remettre sur les rails la réforme honnie des retraites (précédemment portée par le ministère de la Santé), qu’Emmanuel Macron ne compte pas abandonner. (...)
Mais Élisabeth Borne est rattrapée, depuis la fin juin, par des potentiels conflits d’intérêts. (...)
L’affaire remonte à janvier dernier. L’hebdomadaire Marianne dévoilait qu’Élisabeth Borne n’avait pas indiqué, dans sa déclaration d’intérêts transmise à la HATVP, sa participation au conseil d’administration de l’Institut de la gestion déléguée (IGD), un lobby favorable à la délégation des services publics vers le privé. Ou, pour le dire plus clairement, à la privatisation. (...)
Marque de fabrique de la Macronie
Avant d’intégrer le casting gouvernemental en 2017, Élisabeth Borne, formée à l’École polytechnique et au Collège des ingénieurs, a fait un aller-retour dans sa carrière entre public et privé, entre cabinets politiques et conseil d’entreprise. (...)
Ces franchissements de la frontière public-privé sont une marque de fabrique de la Macronie : à l’image d’Emmanuel Macron qui est passé de la haute fonction publique à la banque Rothschild, ou bien de son secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, éphémère directeur financier chez MSC (fret maritime).
Le « dossier Borne » ne fait pas tant écho à l’affaire Jean-Paul Delevoye, qui avait, lui, dissimulé des rémunérations à l’HATVP, qu’il met en lumière une nouvelle fois les liaisons dangereuses entretenues entre le pouvoir et les puissances économiques privées. (...)