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l’Humanité
Un salarié de MA France tente de se suicider en s’immolant, écrasé par la détresse économique et le « mépris » de la direction
#delocalisations
Article mis en ligne le 14 août 2024
dernière modification le 13 août 2024

Les salariés de l’usine automobile d’Aulnay-sous-Bois, placée en liquidation judiciaire, maintiennent le débrayage depuis plus quatre mois. Une lutte tenace qui mène, ce lundi 12 août, à un geste de désespoir de la part d’un gréviste, placé dans une situation économique compliquée.

Les grévistes de MA France, condamnés au licenciement, déplorent un absent autour de la table. L’âme en peine, ces derniers rapportent « le cri du cœur », « l’appel au secours » et « l’acte de détresse » d’un de leurs camarades. Ce matin du lundi 12 août, il s’est aspergé de pétrole, le liquide foncé dégoulinant jusqu’à ses pieds. Une famille à nourrir, des prêts à honorer, le versement incertain de son salaire et une lutte acharnée face à une direction « silencieuse et méprisante », décrite par les grévistes, l’ont poussé à un geste de désespoir.

Selon les personnes présentes, il se serait pudiquement confié « je n’arrive plus à vivre ». Ses camarades cégétistes, dans la hâte, lui ont retiré casquette, sacoche et tout ce qui pouvait être inflammable. Il tente de se suicider sur le piquet de grève, devant l’entreprise contre laquelle il se bat depuis plus de quatre mois. Depuis le mardi 16 avril, les salariés de MA France (ex-Magnetto) ont cessé de contrôler, assembler et souder des pièces automobiles dans cette usine d’emboutissage. Puis, le couperet tombe un mois plus tard, le 13 mai.

Ce sous-traitant de Stellantis, qui souhaite délocaliser sa production en Turquie, a été placé en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny. Résultat : un aller direct à France Travail pour 280 salariés en CDI et 120 à 150 intérimaires. Pugnaces, les travailleurs maintiennent la grève dans une usine laissée à l’abandon, vidée de ceux qui la font fonctionner. (...)
Les grévistes ont ensuite bloqué le passage au représentant du liquidateur, l’empêchant d’accéder au site. Ce barrage formé à partir de voitures garées en quinconce devant l’entrée ne sera pas levé « tant que nous n’aurons pas de réponse satisfaisante à nos revendications », selon leurs dires. Elles demeurent les mêmes depuis le début de la grève : le reclassement des salariés et une prime supra-légale à hauteur de 70 000 euros, votée en assemblée générale. 86 des 280 salariés ont accepté la proposition de la direction de 15 000 euros.

Les autres réclament « un réel PSE et un départ digne » (...)

Pour rappel, le patron de Stellantis a empoché 36,5 millions d’euros de salaire, au titre de l’exercice 2023. Près de 200 salariés attendent encore de recevoir leur prime supra-légale, maigre sésame de départ après leur licenciement.