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France24/AFP
Syrie : les tueries de civils provoquent un tollé international, Damas ouvre une enquête
#Syrie
Article mis en ligne le 12 mars 2025

Le président syrien par intérim, Ahmed al-Charaa, a annoncé la formation d’une "commission indépendante" pour enquêter sur les tueries en cours dans l’ouest de la Syrie, qui ont fait selon une ONG, plus de 1 400 morts, dont 973 civils. Washington a condamné les "terroristes islamistes radicaux" pour ces "massacres", qui ont endeuillé la minorité alaouite, branche de l’islam chiite dont est issu le clan Assad.

Ces tueries ont été déclenchées par une attaque sanglante le 6 mars de partisans du président déchu contre des forces de sécurité à Jablé, dans l’ouest de la Syrie. Cette ville est située près de Lattaquié, berceau de la minorité alaouite, branche de l’islam chiite dont est issue le clan Assad.

"Nous devons préserver l’unité nationale, la paix civile autant que possible", a déclaré le nouveau maître de Damas, à la tête d’un pays multiethnique et multiconfessionnel, déchiré par plus de 13 ans de guerre civile.

S’exprimant dans une mosquée de la capitale, il a annoncé la formation d’une "commission d’enquête indépendante" sur "les exactions contre les civils", afin d’en identifier les responsables et de les "traduire en justice".

Plus tard dans la soirée, il a promis de poursuivre "fermement et sans indulgence" tous ceux impliqués "dans l’effusion de sang des civils (...) ou qui a outrepassé les pouvoirs de l’État", dans une vidéo publiée par l’agence de presse officielle syrienne Sanaa. Il a affirmé ne pas vouloir permettre à des "forces extérieures ou locales" de plonger le pays "dans le chaos ou la guerre civile".

"Aujourd’hui, nous nous portons garants de tout le peuple syrien et de toutes les confessions, et nous protégeons tout le monde de la même manière", a assuré de son côté le chef de la diplomatie syrienne, Assaad Al-Chaibani, en déplacement à Amman. (...)

Dans la capitale, les forces de sécurité sont intervenues pour disperser un sit-in de protestation contre les tueries, après l’irruption d’une contre-manifestation réclamant un "État sunnite", émaillée de slogans hostiles aux alaouites.

D’après un nouveau bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, 973 civils alaouites ont été tués "par les forces de sécurité et des groupes alliés" depuis jeudi.

Les violences ont été déclenchées par une attaque sanglante ce jour-là par des partisans du président déchu contre les forces de sécurité à Jablé, près de la ville de Lattaquié, berceau de la minorité alaouite, branche de l’islam chiite à laquelle appartient la famille Assad.

Les autorités ont ensuite envoyé des renforts dans les provinces voisines de Lattaquié et Tartous, pour soutenir des opérations des forces de sécurité contre les pro-Assad.

Au moins 481 membres des forces de sécurité et combattants pro-Assad ont aussi péri, selon l’OSDH.

Condamnations internationales (...)

"Les tueries de civils dans les zones côtières du nord-ouest de la Syrie doivent cesser, immédiatement", a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme dans un communiqué. Il a évoqué des informations "extrêmement inquiétantes" faisant état de familles entières tuées.

La France avait "condamné" samedi "avec la plus grande fermeté les exactions qui ont frappé des civils sur une base confessionnelle et des prisonniers" en Syrie.

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères français a appelé "les autorités syriennes intérimaires à s’assurer que des enquêtes indépendantes puissent faire toute la lumière sur ces crimes et que leurs auteurs soient condamnés".

Voir aussi : (Video 4’49)

 Ce que l’on sait des violences qui ont fait plus de 1000 morts dans le nord-ouest de la Syrie

La Syrie vient de connaître les pires violences depuis la chute de Bachar al-Assad. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, la quasi-totalité des 1 068 civils tués, majoritairement issus de la minorité alaouite, ont été victimes d’exécutions sommaires menées par les forces de sécurité ou des groupes alliés. Info-Intox revient sur ce que l’on sait des exactions de ces derniers jours.

 En Syrie, les nouvelles autorités sous pression après le massacre d’un millier de civils

Les autorités syriennes ont déclaré lundi avoir mis fin à l’opération militaire lancée contre les partisans de Bachar al-Assad dans l’ouest du pays, une offensive marquée par des violences inédites depuis la chute de l’ex-président en décembre, ayant fait plus d’un millier de morts parmi les civils. (...)

La quasi-totalité des 1 068 civils tués, majoritairement issus de la minorité alaouite, ont été victimes d’exécutions sommaires menées par les forces de sécurité ou des groupes alliés, selon un bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

"Nous annonçons la fin de l’opération militaire (...) après le succès de nos forces pour atteindre tous les objectifs fixés", a annoncé, lundi, le porte-parole du ministère de la Défense, Hassan Abdel Ghani, cité par l’agence officielle Sana.

Il a assuré que les forces de sécurité avaient pu "contenir les attaques contre ce qui reste du régime déchu" et "déjouer l’effet de surprise", dans une allusion au fait que ces groupes planifiaient une attaque d’envergure.

L’OSDH a fait état de 231 morts dans les rangs des forces gouvernementales et 250 du côté des insurgés. (...)

"Cinq jours de grande peur et d’angoisse"

La Syrie, gouvernée pendant un demi-siècle par le clan Assad, a connu ainsi les pires violences depuis l’arrivée au pouvoir le 8 décembre d’une coalition menée par des islamistes.

Les combats ont été déclenchés par une attaque sanglante le 6 mars de partisans du régime déchu contre les forces de sécurité dans la région de Lattaquié, où se concentre la minorité alaouite dont est issu le clan Assad. Ces violences menacent la stabilité du pays, engagé dans une transition déjà fragile alors que le président par intérim, Ahmed al-Charaa, cherche à asseoir son autorité sur l’ensemble du territoire, après 13 ans de guerre civile. (...)

Selon les informations de notre journaliste Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes, l’instigateur des violences récentes s’appelle Moqtar Fatiha. "C’est un sbire du régime qui, depuis des semaines, incite à passer à l’action contre le nouveau pouvoir", explique Wassim Nasr. "Il accuse sa propre communauté alaouite d’être traître, parce qu’elle a accepté de faire la paix avec le nouveau pouvoir à Damas. Le but de ces attaques, coordonnées et très organisées, était de semer la panique."

Lundi, il y avait peu de circulation dans les rues de Lattaquié, la plus importante ville de la côte, selon un correspondant de l’AFP sur place.

"La situation est un peu plus calme, les gens ont recommencé à se déplacer après cinq jours de grande peur et d’angoisse", a déclaré à l’AFP Farah, une étudiante de 22 ans qui n’a pas voulu donner son nom de famille.

Mais "nous n’avons pas les services les plus élémentaires : il n’y a pas d’eau ou d’électricité depuis cinq jours, nous cherchons de l’eau du puits de notre quartier. Les magasins d’alimentation sont vides et nous ne pouvons rien acheter à manger", a-t-elle ajouté.
Le nouveau pouvoir "sur un fil de rasoir"

"Les zones visées étaient celles des alaouites et des chrétiens", a indiqué de son côté le patriarche orthodoxe d’Antioche, Jean X. "De nombreux chrétiens innocents ont également été tués", a-t-il souligné.

Aucun chiffre officiel n’a été communiqué sur le nombre de chrétiens tués. (...)

Selon les informations de notre journaliste Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes, l’instigateur des violences récentes s’appelle Moqtar Fatiha. "C’est un sbire du régime qui, depuis des semaines, incite à passer à l’action contre le nouveau pouvoir", explique Wassim Nasr. "Il accuse sa propre communauté alaouite d’être traître, parce qu’elle a accepté de faire la paix avec le nouveau pouvoir à Damas. Le but de ces attaques, coordonnées et très organisées, était de semer la panique."

Lundi, il y avait peu de circulation dans les rues de Lattaquié, la plus importante ville de la côte, selon un correspondant de l’AFP sur place.

"La situation est un peu plus calme, les gens ont recommencé à se déplacer après cinq jours de grande peur et d’angoisse", a déclaré à l’AFP Farah, une étudiante de 22 ans qui n’a pas voulu donner son nom de famille.

Mais "nous n’avons pas les services les plus élémentaires : il n’y a pas d’eau ou d’électricité depuis cinq jours, nous cherchons de l’eau du puits de notre quartier. Les magasins d’alimentation sont vides et nous ne pouvons rien acheter à manger", a-t-elle ajouté.
Le nouveau pouvoir "sur un fil de rasoir"

"Les zones visées étaient celles des alaouites et des chrétiens", a indiqué de son côté le patriarche orthodoxe d’Antioche, Jean X. "De nombreux chrétiens innocents ont également été tués", a-t-il souligné.

Aucun chiffre officiel n’a été communiqué sur le nombre de chrétiens tués. (...)

Selon des témoignages d’habitants, des jihadistes étrangers faisaient partie des combattants qui se sont livrés à des exactions contre les civils.

Ahmed al-Charaa dirigeait, avant sa prise du pouvoir, le groupe radical sunnite Hayat Tahrir al-Sham, soumis à des sanctions internationales.

"Nous ne permettrons à aucune force extérieure ou à aucun acteur local d’entraîner la Syrie dans le chaos ou la guerre civile", a-t-il par ailleurs assuré, sans autre précision. (...)

D’après Wassim Nasr, Ahmed al-Charaa et le nouveau pouvoir sont sur le fil du rasoir pour plusieurs raisons. D’abord, "certains éléments les plus radicaux lui reprochent d’avoir accordé une amnistie et lui demandent la libération de jihadistes qu’il a mis en prison, estimant que la guerre va recommencer". Ensuite, Ahmed al-Charaa "tente d’éviter une nouvelle guerre en appelant au retrait des combattants". "Contrairement à Bachar al-Assad, qui récompensait les auteurs d’exactions, le nouveau pouvoir a promis de juger ceux qui ont commis des crimes, y compris dans ses propres rangs."

"Le chaos des milices que nous avons vu dans les villes côtières alaouites nous indique (...) que la nouvelle armée syrienne n’a pas le contrôle", juge Joshua Landis, expert de la Syrie à l’Université d’Oklahoma.

Ces violences, selon lui, "entraveront les efforts du président par intérim, Ahmed al-Charaa, pour consolider son pouvoir et convaincre la communauté internationale qu’il contrôle la situation et qu’il peut maîtriser les nombreuses milices qui sont censées être sous son commandement". (...)