
Ils étranglent les clients – les Français.
Ils étranglent leurs propres salariés, leurs gérants.
Ils étranglent leurs fournisseurs.
Ils étranglent, même, les comptes publics.
Tout ça avec la bénédiction de nos dirigeants…
Bienvenue dans le monde merveilleux de l’inflation, des négo bidons, des malversations.
Bienvenue dans le monde de la grande distribution.
[Extrait du dossier]
Depuis un sacré moment déjà, plusieurs années en fait, je me disais qu’il fallait que je rappelle Thierry Gautier. On l’avait rencontré, avec Ruffin, c’était en 2019. Un jeune gars, la trentaine, le regard franc, le propos clair, déterminé malgré l’adversité. Il était spécialement venu à Paris pour nous voir. Gérant de magasin Casino, il nous avait étalé, au bistrot, une cohorte de scandales dans les pratiques du groupe de grande distribution. On en était ressortis abasourdis, se promettant de raconter tout ça. Et puis, les sujets à traiter s’étaient empilés, comme souvent, le quotidien avait pris trop de place, comme toujours, et je retrouvais régulièrement mes post‑it : « raconter l’histoire de Thierry Gautier. »
Jusqu’à ce que je tombe sur un article, en ce mois d’octobre, dans La Lettre : pour présenter des résultats annuels positifs à ses créanciers, et masquer son endettement, Casino, le groupe de Jean‑Charles Naouri, se serait selon le média livré pendant des années à une petite manœuvre : il aurait émis des dizaines, des centaines de milliers d’euros de factures envers ses magasins franchisés, à chaque fois fin décembre, juste avant la clôture des comptes. Avant de rendre la somme quelques semaines plus tard, une fois les bilans comptables établis. Casino qui avait déjà été sanctionné par l’AMF, l’autorité des marchés financiers, pour « avoir diffusé des informations fausses ou trompeuses susceptibles de fixer le cours » de la maison mère « à un niveau anormal ou artificiel ». Puisqu’on avait décidé de vous causer de la grande distribution, c’était l’occasion. Alors, déjà, j’ai repris mes notes de 2019…
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