La justice équatorienne a condamné une firme japonaise productrice d’abaca, Furukawa Plantaciones, pour avoir réduit pendant des dizaines d’années des centaines de personnes à l’état de “servage”. L’entreprise devra payer des dommages et intérêts aux victimes.

Jeudi 5 décembre, la Cour constitutionnelle équatorienne a reconnu l’entreprise japonaise Furukawa Plantaciones coupable de violation du droit du travail et de violation des droits humains. Elle a pratiqué pendant près de soixante ans une forme d’“esclavage moderne”, rapporte El País América. Cette décision de justice survient après plusieurs années de luttes des salariés de la société.La firme japonaise spécialisée dans la production d’abaca – une plante à fibres utilisée pour la fabrication de cordages – gérait plusieurs exploitations réparties dans trois provinces du pays. “[Elle] maintenait les victimes dans des camps au milieu de plantations insalubres, sans accès à l’électricité, à l’eau potable ou encore à des services de santé ou d’éducation”, détaille le journal.

“Les travailleurs qui vivaient dans des situations précaires étaient obligés de cultiver l’abaca, avec l’impossibilité de changer leur situation d’une génération à l’autre.” Au total, 342 personnes ont subi les mauvais traitements de l’entreprise, la majorité étant des afrodescendants.

Racisme systémique (...)

la Cour “a condamné l’entreprise à verser 120 000 dollars (113 000 euros) à chaque victime affectée”. En parallèle, elle “a exigé une série de ‘réparations symboliques’ telles que la réalisation d’un documentaire sur le servage avec la participation des travailleurs, ainsi que l’instauration d’un jour de commémoration des victimes de Furukawa”, ajoute l’édition américaine d’El País. (...)

Il s’agit du premier jugement de la Cour constitutionnelle sur des cas de servage. Le quotidien El País explique que dans sa décision, la Cour a dénoncé “un racisme systémique” qui semble bien ancré dans le pays d’Amérique du Sud. (...)