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Sénégal : "Les manifestants ont déversé leur colère sur tout ce qu’ils ont vu"
#Senegal #elections
Article mis en ligne le 11 février 2024

Le Sénégal a connu vendredi sa journée de manifestations la plus intense depuis le report de l’élection présidentielle par l’Assemblée nationale le 5 février. Au moins deux personnes ont perdu la vie, à Saint-Louis et à Dakar. Dans le quartier Cité des eaux, dans la capitale, les habitants fustigent des destructions excessives, bien que certains reconnaissent comprendre la colère des manifestants.

La tension est montée d’un cran vendredi 9 février au Sénégal. Six jours après l’annonce par le président Macky Sall de l’interruption de la présidentielle du 25 février, reportée depuis au 15 décembre par l’Assemblée nationale, des manifestations ont eu lieu à travers le pays, violemment réprimées par la police. La mort d’un jeune étudiant vendredi dans la ville portuaire de Saint-Louis a provoqué un vif émoi. Une enquête a été ouverte pour établir les circonstances du décès. Une seconde personne est morte à Dakar, samedi matin, succombant à une blessure par balle à l’abdomen, a confirmé son frère à France 24.

Dans le quartier Cité des eaux, dans la capitale, le chantier d’un autopont a été pris pour cible par les manifestants. Une pilule dure à avaler pour les habitants, qui fustigent un niveau de violence excessif.

"Nous avons dû fuir"

Samedi matin, les équipes du chantier inspectent les dégâts. Devant elles : plusieurs pelleteuses carbonisées. "Ils ont aspergé l’intérieur d’essence, c’est comme ça qu’ils les ont brûlées", indique l’un des responsables, casque blanc sur la tête et gilet fluo. (...)

"Une marmite qui couve"

Autour du large périmètre entouré de barrières qui délimite le chantier, la foule s’agite. Une dispute éclate alors qu’un conducteur de scooter tente de forcer l’étroit passage pour piétons.

Certains s’arrêtent quelques secondes, observent la désolation et commentent les événements de la veille. "Les manifestants voulaient contester le report de l’élection. Mais ceci est le bien d’autrui ; c’est un projet utile pour la population", soupire Ahmed, 73 ans, corps élancé dans une tunique traditionnelle bleu ciel.

"À cause de ça, nous n’avons pas d’électricité depuis hier car les flammes ont touché les poteaux électriques", déplore cet habitant du quartier.

S’il se dit volontiers choqué par l’ampleur des destructions, Ahmed ne soutient pas pour autant la décision de repousser l’élection. "Je suis pour le respect du droit et de la Constitution", lance-t-il, lapidaire.

"Nous sommes dans un système démocratique ici mais le problème est que beaucoup de gens ne peuvent voter en pleine connaissance de cause. Le taux d’analphabétisme est très haut, les jeunes n’ont pas d’emploi et il y a un déficit d’information qui donne le sentiment à la population d’être prise en otage. C’est une marmite qui couve. Alors, une étincelle et hop…" (...)