Fin novembre, des manifestations de personnes en demande d’asile et réfugiées ont été organisées devant les bureaux du Haut Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugié·e·s (UNHCR) à Rabat. La section de Rabat de l’Association Marocaine des Droits Humains a publié un communiqué sur ces mobilisations et plus largement la détérioration des conditions d’accueil des demandeur·euse·s d’asile au Maroc.
Un groupe de réfugiés et de demandeurs d’asile a organisé un sit-in devant le bureau du HCR à Rabat jeudi 27 novembre 2025 à 10h30. Il ne s’agit pas de la première fois qu’ils dénoncent et protestent contre leur mauvaise situation économique et sociale et contre le danger des campagne de déportation effectuées au hasard par les autorités marocaines en dehors des contrôles légaux.
Le dernier rapport du HCR a révélé que le Maroc a accueilli de janvier à juillet 2025 19 756 réfugié·e·s et demandeur·euse·s d’asile. Ces demandeur·euse·s d’asile rencontrent des problèmes pour s’inscrire auprès du HCR et pour la détermination de leur statut d’asile. Le nombre des demandeur·euse·s d’asile a atteint 2 377 personnes en provenance du Soudan, 2229 de Guinée, 1538 du Sénégal, 523 de Côte-d’Ivoire et 633 du Mali.
Le problème réside dans la longueur du délai pour l’inscription, qui peut atteindre huit mois pour l’acquisition du récépissé de demande d’asile. En attendant l’obtention de leur récépissé, les demandeur·euse·s d’asile courent le risque d’être arrêté.e.s et expulsé·e·s hors de Rabat et affrontent des difficultés lorsqu’ils·elles tentent de retourner de nouveau à Rabat pour achever l’opération d’inscription.
S’ajoute à cela les longeurs administratives pour déterminer la date de l’entretien d’asile, avec des délais qui peuvent atteindre un an. Cela met les demandeurs d’asile face à des difficultés pour trouver un travail stable et se déplacer librement à Rabat.
Au niveau des prestations de services auxquelles les réfugié·es ont normalement droit, ils·elles rencontrent beaucoup de problèmes avec les partenaires du HCR :
Le partenaire médical, représenté par l’Association Marocaine pour la Planification Familiale, a cessé ses services depuis plus d’un mois et aucun·e réfugié·e n’a bénéficié d’aucun service de base, ce qui cause l’aggravation des maladies dont ils·elles souffrent (...)
En ce qui concerne le partenaire social du HCR, représenté par l’organisation Orient-Occident, les réfugié·e·s et demandeur·euse·s d’asile souffrent énormément à cause de la réduction des aides de 800 dirhams à 500 drihams. Cela a aggravé la situation économique d’un grand nombre des réfugié·e·s et de leurs familles .
Les réfugié·e·s apparenant aux catégories les plus fragiles, en l’occurrence les femmes, se plaignent de ne pas avoir reçu les aides. De même, les enfants mineurs subissent l’itinérance forcée, ce qui les pousse au vagabondage hors des foyers de protection de l’enfance qui leur sont réservés. Ils ne reçoivent pas d’aide, travaillent dans des métiers dangereux sans moyens de protection, ce qui aggrave leur exposition au danger d’exploitation et à la violence. Ainsi observe-t-on, dans la ville de Rabat, la présence de réfugié·e·s atteint·e·s de maladies psychiques installé·e·s en permanence devant l’institution Orient-Occident dans des conditions lamentables.
Au niveau des droits humains, les réfugié·e·s souffrent du risque d’arrestations arbitraires menées par les forces auxiliaires en dehors des cadres légaux en vigueur. Ils et elles sont transféré·e·s de force hors de Rabat malgré la possession du document de protection délivré par le HCR. Et ce, alors même que le Maroc reconnaît la Convention de 1951 relative au statut des réfugié·e·s et son Protocole facultatif de 1967, qui prévoient la protection des réfugié·e·s et interdisent leur refoulement forcé.
Les arrestations sont parfois effectuées avec violence. (...)
Les réfugié·e·s souffrent également de la non-délivrance de la carte de réfugié par le Bureau des Réfugiés et Apatrides du Ministère des Affaires étrangères. (...)
Les manifestant·e·s ont demandé une rencontre avec la directrice du HCR pour exposer leur situation et s’informer sur leurs droits. Seuls quelques employé·e·s sont sorti·e·s pour leur répondre, ce qui a contrarié les manifestant·e·s, qui ont considéré cela comme une forme de mépris à l’égard de leurs droits. Après un moment, la représentante du HCR au Maroc s’est finalement présentée, mais ses réponses brèves n’ont pas été bien accueillies par les manifestant·e·s. Le président de la section de l’AMDH Rabat a demandé une rencontre avec la représentante adjointe, mais cette demande est restée sans réponse. C’est la deuxième fois que le HCR refuse de recevoir l’Association Marocaine des Droits Humains.