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« Que nous reste-t-il ? » : la vie en sursis des réfugiés palestiniens au sud de Gaza
#Israel #Hamas #Palestine #Gaza
Article mis en ligne le 11 novembre 2023
dernière modification le 10 novembre 2023

Fuyant le déluge de bombes sur Gaza city, des milliers de Palestiniens vivent désormais dans des conditions humanitaires épouvantables. Une vie sans eau potable, ni électricité, ni toilettes, bientôt menacée par une rupture des vivres de base.

(...) « Il n’y a ni électricité, ni eau potable, ni toilettes. Pas de pain ni de nourriture. Ni de soins. Cette situation humanitaire est très difficile et ne convient pas aux personnes âgées, aux enfants ou aux blessés », indique Muhammad Zyad. Lui et sa famille occupent une tente dans un camp monté en urgence par l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza. Ils ont dû quitter leur maison de Gaza city, au nord, mi-octobre, sous les bombes israéliennes. (...)

« La maison de ma sœur avait été touchée. Son mari Mohammad a été tué avec trois de ses enfants, ainsi que sa belle-mère. Ma sœur a été blessée au dos », confie Muhammad. Les hôpitaux étant bondés, le reste de la famille se réfugie chez lui, alors qu’il abrite déjà sa mère et son père atteint d’un cancer. Tous décident de partir à pied vers le sud et Khan Younis. (...)

Au 7 novembre, l’ONU recense plus de 4200 enfants et 2700 femmes tuées, selon les données fournies par le ministère de la Santé palestinien, administré à Gaza par le Hamas, et que l’agence n’a pas encore été en mesure de vérifier de manière indépendante. (...)

Près de la moitié des bâtiments ou logements de la bande de Gaza ont été détruits ou endommagés par les bombardements et les combats. Viser systématiquement les habitations et les infrastructures civiles, « rendant ainsi une ville entière – comme la ville de Gaza – inhabitable », constitue « un crime de guerre », estime ce 8 novembre le rapporteur spécial de l’ONU sur le droit au logement, Balakrishnan Rajagopal. Il inclut également dans ces crimes de guerre les tirs de roquettes aveugles ciblant aussi Israël, qu’elles soient tirées de Gaza ou du Liban. (...)

La première source de préoccupation dans les camps qui s’étendent depuis le 7 octobre : trouver de quoi manger. « Aujourd’hui mes enfants ont erré jusqu’à midi sans réussir à trouver du pain. Heureusement une amie en a apporté cinq que nous avons partagés avec un plat de fèves », décrit Fathia Mahmoud Obeid.

Muhammad Zyad et ses enfants se nourrissent pour le moment de boîtes de conserve de thon ou de haricots. (...)

« Même si vous avez de l’argent, vous n’avez nulle part où acheter quoi que ce soit. Les civils paient le prix de cette guerre, ils ne sont coupables de rien de ce qui s’est passé. » Si, selon l’ONU, il reste encore environ trois semaines de stocks de blé dans la bande de Gaza, soumise au blocus israélien, il n’y a quasiment plus de riz et seulement une semaine de provisions de légumes. (...)

Autre problème : l’eau et les sanitaires. « Il faut attendre une journée entière pour aller aux toilettes et elles sont bondées. Il n’y a pas de kits d’hygiène. 45 personnes utilisent une seule salle de bain, vous imaginez ? La situation est horrible, les maladies se propagent » (...)
« Les enfants sont terrifiés par les bombardements et maintenant ils tombent malades, ils ne font pas partie de cette guerre ! Les enfants de la bande de Gaza ont le droit de vivre comme n’importe quel autre enfant dans le monde. » Dans sa tente, Fathia Mahmoud Obeid attend que son fils revienne pour qu’il l’emmène avec sa moto trouver des sanitaires décents.

« Ma petite de quatre ans est dans une longue file d’attente pour aller aux toilettes. Qu’est-ce que je lui dis : de ne pas manger, de ne pas boire, pour ne pas aller aux toilettes ? Et cela fait plus de 15 jours. Que nous reste-t-il ? » (...)

« Nous demandons au monde qu’il protège les enfants et les civils », lance Muhammad Zyad. « Tant que l’occupation sera là, ces guerres persisteront. La cause profonde, c’est l’occupation. Il n’y a ni sécurité ni dignité tant que l’occupation ne prend pas fin. Nous souhaitons notre autodétermination afin de vivre en paix avec les Israéliens », dit-il. (...)

« En ordonnant l’évacuation de plus d’un million de personnes du nord vers le sud de Gaza, sachant qu’il sera impossible de leur fournir un logement adéquat et une aide humanitaire, tout en maintenant un blocus, en coupant l’eau, la nourriture, le carburant et les médicaments et en attaquant à plusieurs reprises les voies d’évacuation », Israël se rend coupable « d’une violation cruelle et flagrante du droit humanitaire international » et de « crimes internationaux », a également déclaré le rapporteur spécial de l’ONU Balakrishnan Rajagopal. (...)

41 journalistes ont été tués depuis le 7 octobre – plus d’un par jour – dont 36 à Gaza sous les bombardements, un au Liban et quatre lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre, selon le décompte de Reporters sans frontières.