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France24
Famine à Gaza : "Ce n’est pas qu’une crise humanitaire, c’est une tragédie quotidienne"
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #genocide #famine
Article mis en ligne le 27 août 2025

Pour la première fois depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, l’ONU a déclaré l’état de famine dans le gouvernorat de Gaza City, le 22 août. Pour certaines organisations locales de distribution de nourriture, interrogées par la rédaction des Observateurs, cette déclaration arrive "trop tard", alors qu’une partie de la population est "affamée depuis des mois".

L’annonce, fondée sur le dernier rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), est une première au Moyen-Orient depuis la création de cet organisme de l’ONU en 2004. Selon les projections de ce rapport, la famine devrait s’étendre aux gouvernorats de Deir el-Balah et Khan Younès d’ici fin septembre.
"C’est une confirmation accablante, pas une nouvelle de dernière minute"

Cette "famine", qui "aurait pu être évitée" sans "l’obstruction systématique d’Israël" dans la livraison d’aide humanitaire selon Tom Fletcher, est observée au quotidien par les organisations humanitaires locales de la bande de Gaza. Parmi elles, certaines interrogées par la rédaction des Observateurs déplorent toutefois une officialisation jugée tardive. (...)

Créée en juillet dernier, l’association Drops of Mercy délivre de la nourriture au sein des camps de déplacés, notamment pour les personnes handicapées. "Ce retard a coûté des vies. Sans le label officiel de famine, il y avait moins de pression pour obtenir un cessez-le-feu, l’accès à l’aide humanitaire et la responsabilisation."

Le constat est le même du côté de l’organisation Gaza Soup Kitchen, qui possède dix points de distribution de l’enclave. "De telles annonces sont importantes pour sensibiliser le monde entier, mais sur le terrain, les souffrances sont catastrophiques depuis de nombreux mois", décrit également Mai Almadhoun, qui travaille à Gaza Soup Kitchen. (...)

“Même si de la nourriture est disponible, les gens n’ont tout simplement pas les moyens de l’acheter”

Chaque jour, cette organisation gazaouie distribue de la nourriture aux populations déplacées dans dix points de distribution de l’enclave et fournit de l’eau potable pour pallier la situation humanitaire critique. Une "crise humanitaire" vécue comme une "tragédie quotidienne", par Khalid Qadas, photographe et porte-parole de de Gaza Soup Kitchen, qui décrit la difficulté à se nourrir dans l’enclave (...)

Contacté par la rédaction des Observateurs, Hani Almadhoun, cofondateur de Gaza Soup Kitchen basé aux Etats-Unis, déclare que l’organisation bénéficie majoritairement de dons individuels. Elle a besoin de 15 000 euros en moyenne quotidiennement pour assurer ses distributions d’aliments, pour la plupart issus d’achats de nourriture directement à Gaza sur les marchés, mais aussi de l’aide humanitaire et des quelques exploitations agricoles encore en activité.

Des denrées achetées souvent au prix fort pour permettre de limiter les privations quotidiennes vécues par de nombreuses familles, décrit Mai Almadhoun (...)

Une aide humanitaire qui "n’atteint pas les personnes qui en ont le plus besoin"

Ces privations sont essentiellement liées au trop faible flux de nourriture qui arrive à la population, à cause des blocages opérés par l’armée israélienne : début mars, Israël avait totalement interdit l’entrée des aides à Gaza, avant d’autoriser mi-mai l’acheminement de quantités très limitées, entraînant de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant. (...)

Comme l’ONU l’explique depuis le début de la guerre, au moins 500 à 600 camions de nourriture, de médicaments et de produits d’hygiène sont requis chaque jour pour subvenir aux besoins immenses de la population palestinienne. Un chiffre jamais atteint ces derniers mois, malgré une augmentation de l’aide humanitaire autorisée dans l’enclave par Israël depuis fin juillet.

De son côté, Israël, qui contrôle tous les accès à Gaza, accuse le Hamas de piller les aides, et soutient que les organisations humanitaires, dont l’ONU, n’agissent pas pour distribuer la nourriture. Un point réfuté par ces dernières, qui expliquent qu’Israël impose des restrictions excessives et jugées très dangereuses pour la distribution de l’aide en pleine guerre. (...)

L’aide est par ailleurs difficilement acheminée auprès des personnes les plus vulnérables, explique Imad Almadhoun (...)

“Beaucoup de ceux qui se rendent aux distributions d’aide ne rentrent tout simplement jamais chez eux”

L’organisation Drops of Mercy se fournit en nourriture surtout dans les marchés locaux, "bien que les prix y soient extrêmes". Car à ses yeux, il est aussi impossible de compter sur l’aide humanitaire apportée par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), organisation gérée par les Etats-Unis et Israël, dénoncée depuis plusieurs mois par les organisations humanitaires sur place qui critiquent une "militarisation" de l’aide humanitaire – depuis fin mai, près de 900 personnes ont été tuées en allant chercher de la nourriture autour de ces centres situés dans des zones militaires. (...)

À Gaza City, "l’idée d’être déplacé me terrifie"

À la famine au gouvernorat de Gaza City s’est également ajoutée l’annonce par l’armée israélienne le 21 août d’une nouvelle opération militaire d’ampleur destinée à occuper la ville et évacuer de la population sur place. (...)

Lire aussi :

 L’ONU a-t-elle abaissé ses critères de famine pour Gaza ?

Les autorités israéliennes ont accusé l’ONU d’avoir abaissé ses seuils après qu’elle a reconnu officiellement une famine dans le gouvernorat de Gaza. En réalité, malgré la collecte de données compliquée par la destruction des infrastructures, les seuils appliqués sont les mêmes depuis 2019. (...)