Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Infomigrants
Quarante migrants soudanais meurent de soif dans le désert, à la frontière entre le Soudan et l’Égypte
#migrants #immigration #Egypte #Soudan #UE
Article mis en ligne le 15 juin 2024

Les corps d’au moins 40 Soudanais, dont des femmes et des enfants, ont été retrouvés début juin dans le désert, à la frontière avec l’Égypte. Le bilan des morts dans la région pourrait être beaucoup plus élevé, des cadavres étant abandonnés sur place ou ensevelis dans le sable. Depuis le début de la guerre au Soudan, Le Caire accentue les arrestations de ressortissants soudanais et les renvois à la frontière, en dehors de tout cadre légal.

Une scène macabre a été découverte par des habitants de la région du sud de l’Égypte, près de la frontière avec le Soudan entre le 7 et le 9 juin : des dépouilles d’hommes, de femmes et d’enfants gisant sur le sol en plein désert, à proximité de véhicules abandonnés. (...)

Selon les médias égyptiens et des ONG, ces corps sont ceux de migrants soudanais qui fuyaient la guerre dans leur pays. Ils sont morts de soif et d’insolation en tentant de se réfugier en Égypte voisine.

Ces derniers jours, la zone est confrontée à une importante vague de chaleur : le thermomètre est monté jusqu’à 49,8 degrés à l’ombre, soit la température la plus haute jamais observée dans la région depuis 18 ans.

La morgue d’Assouan est "remplie de cadavres" (...)

Selon un membre d’une société minière opérant dans la région, cité par Mada Masr, le nombre de personnes retrouvées mortes dans le désert depuis le 4 juin a explosé (...)

Par ailleurs, des personnes présentant des blessures dues à des accidents de la route ont également été retrouvées ces derniers jours. Elles ont, elles aussi, été transportées à l’hôpital d’Assouan. D’après la Plateforme pour les réfugiés en Égypte, les exilés ont été maintenus sous surveillance policière pendant leur convalescence en vue d’une expulsion prochaine vers le Soudan.
Durcissement de la politique migratoire égyptienne

Depuis le déclenchement d’un nouveau conflit au Soudan, en avril 2023, les autorités égyptiennes ont renforcé la surveillance de leur frontière commune et accéléré les renvois de migrants soudanais. Les policiers interpellent régulièrement des convois d’exilés et les expulsent, sans procédure légale, à la frontière. Jeudi 13 juin encore, sept bus surchargés de Soudanais ont été refoulés manu militari d’Égypte, sans la possibilité de déposer un dossier d’asile. (...)

Pour empêcher les arrivées de migrants dans le pays, le gouvernement égyptien a aussi durci les conditions d’entrée des Soudanais. (...)

Les plus pauvres n’ont d’autres choix que de fuir le pays en traversant la frontière de manière irrégulière au péril de leur vie.
Accord entre l’UE et l’Égypte

Pour sa défense, Le Caire affirme que plus de 500 000 Soudanais ont été admis dans le pays depuis le début de la guerre l’an dernier, s’ajoutant aux quatre millions vivant déjà en Égypte. Toutes nationalités confondues, l’État égyptien accueille environ neuf millions de réfugiés, pour un coût de 10 milliards de dollars, insistent les autorités.

Pour l’aider à prendre en charge cette population, "l’Union européenne a alloué en 2023 cinq millions d’euros d’aide humanitaire pour l’éducation, les besoins fondamentaux et la protection des réfugiés en Égypte, en plus des 20 millions d’euros alloués aux nouveaux arrivants du Soudan, qui couvrent nourriture, eau et assainissement" (...)

Début 2024, un autre partenariat a été signé entre Le Caire et Bruxelles. Il prévoit une aide de 7,4 milliards d’euros pour permettre d’aider le pays en pleine crise économique, et dans sa lutte contre l’immigration. "La Commission européenne ne souhaite pas voir des Soudanais aujourd’hui, ou des Gazaouis demain, quitter l’Égypte direction l’Europe, et ’paie’ le régime afin qu’il stoppe les migrants coûte que coûte", précisait en mars le quotidien français La Croix.

Ce nouvel accord trouvé avec le dictateur Abdel Fattah al-Sissi a été vivement dénoncé par les ONG. "Le schéma est le même que celui des accords bancals de l’UE avec la Tunisie et la Mauritanie : arrêter les migrants et ignorer les abus", déplore HRW.