
À Hendaye, au Pays basque, l’association On Egin propose des repas chauds aux personnes sans-abris. Construite par des élu·es de gauche, des dirigeants d’entreprise et des bénévoles retraité·es, la structure s’appuie sur le soutien de restaurateurs.
À Hendaye, ville basque à la frontière entre l’Espagne et la France, On Egin existe depuis 2022. Pour la troisième année consécutive, les repas hebdomadaires ont démarré début novembre et se poursuivront jusqu’à la fin avril : six mois, 25 jeudis soirs, durant lesquels les plus pauvres de la ville peuvent venir sans condition se restaurer au chaud, en sécurité, et être servis par des bénévoles bienveillants. Pour accéder à la salle, il faut juste « être à jeun, ne pas fumer sous le préau et accepter de laisser les chiens dehors », résume Joël Courtie, 72 ans, président de l’association, qui n’emploie jamais les termes de « précaires », ou de « SDF » : « On les appelle “nos invités”, c’est très important pour nous », souligne-t-il. (...)
Des invité·es traité·es comme tel·les. Ce jeudi 5 décembre, c’est velouté de fèves, poulet-curry, riz madras, fromage et fruit. Les 50 repas ont été préparés par une pizzeria. La Trattoria Della Nonna fait partie des six restaurants de la ville qui, avec huit associations, offrent les repas un ou deux jeudis chaque année. « On a aussi quelques particuliers qui s’y collent », précise Ignacio Miquelarena, l’un des piliers de On Egin. Ignacio récupère « entre 70 et 80 % » de la nourriture auprès de Basco, une entreprise de restauration dont il est un ancien cadre et avec qui il est resté en contact. (...)
Les produits sont cuisinés par les restaurateurs ou associations qui accompagnent le projet. Parmi lesquels certains assurent l’approvisionnement des 20 à 30 % de repas restants. (...)
« On Egin ne demande pas le nom des gens ni leur histoire, précise Joël, le président. Notre principal souci est d’assurer le bon nombre de repas pour que toutes celles et ceux qui se présentent puissent manger. » Ce soir-là, seules 31 personnes sont venues prendre leur dîner. Un chiffre en deçà des standards de la saison qui démarre, plus élevés que les années précédentes : on compte plutôt entre 40 et 50 personnes chaque semaine depuis début novembre.
Précarité cachée (...)
« Pour nous, il y a la grande précarité, c’est-à-dire les gens à la rue, et puis la précarité cachée, les personnes qui vivent en appartement, mais qui n’ont plus rien à manger le 8 du mois et ceux-là on les touche moins », confirme Daniel Bernard, élu apparenté PCF de la mairie d’Hendaye. (...)
L’association Txoco, « le coin » en basque, offre depuis une vingtaine d’années aux SDF d’Hendaye un accueil matinal, un petit déjeuner, la possibilité de se doucher et de laver leurs vêtements. Le Secours populaire, le Secours catholique et la Croix rouge organisent des maraudes et des distributions de colis alimentaire. (...)
Pour sa troisième année d’existence, l’association affiche un budget annuel de seulement 5000 euros : 3000 issus du mécénat d’une banque, 500 euros de la mairie et le reste provenant des adhésions, qui démarrent à 10 euros. « Mais certains donnent bien plus », précise Joël Courtie. L’essentiel de l’activité de On Egin repose non pas sur ses finances, mais sur un dense réseau d’entraide et de connexions discrètes. (...)