
(...) Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l’Afrique du Nord et l’Italie, indique un rapport publié mardi 15 avril par l’Unicef.
L’agence onusienne se fonde sur la proportion d’enfants parmi les personnes arrivées sur le sol européen par cette voie migratoire - soit un sur six.
Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), au moins 24 000 personnes sont mortes entre 2014 et 2024 sur cette route maritime, la plus dangereuse au monde. Et ce chiffre pourrait être sous-estimé car de nombreux naufrages passent inaperçus, faute de survivants pour témoigner.
Par ailleurs, sept enfants sur dix voyagent seuls, sans leurs parents, selon l’agence onusienne.
Dramatiques traversées de la mer
Au cours des dernières années, InfoMigrants a documenté quelques-unes de ces tragédies en mer impliquant des mineurs. Au mois de janvier 2025, une mère de famille a perdu ses trois enfants lors d’un naufrage survenu près de l’île italienne de Lampedusa. Son embarcation a coulé dans les eaux maltaises avant l’arrivée du navire humanitaire allemand Sea Punk. L’un est mort "dans les bras du médecin qui tentait de le réanimer par massage cardiaque", racontait Arturo Centore, commandant de Sea Punks, au média italien Radio radicale. (...)
La plupart des victimes meurent noyées, mais aussi de faim, de soif, ou de blessures (causées notamment par le mélange entre l’eau de mer et le carburant). Beaucoup de corps sont passés par dessus bord pendant les traversées. Les survivants racontent les drames. Les enfants, plus fragiles, sont souvent les premiers à mourir.
"Beaucoup d’enfants qui tentent de traverser la Méditerranée centrale fuient la guerre, les conflits, la violence et la pauvreté", indique encore le rapport de l’Unicef précisant que "plus de la moitié des enfants et des jeunes interrogés déclarent avoir subi des violences physiques et un tiers affirment avoir été détenus contre leur gré" pendant leur parcours migratoire. (...)
L’agence onusienne rappelle également que si l’adoption du Pacte européen sur la migration et l’asile devant entrer en vigueur mi-2026 "peut permettre de mieux organiser la gestion des migrations, ce dernier doit être mis en œuvre en parfaite conformité avec les obligations légales de défense de l’intérêt supérieur de l’enfant".
L’Unicef appelle également à renforcer les opérations de recherche et de sauvetage en mer en tenant compte des besoins spécifiques des enfants.
"A son arrivée (en Italie ou dans un pays européen), chaque enfant doit immédiatement bénéficier d’une représentation juridique et de solides mesures de protection. Les mesures de restriction des déplacements ne doivent jamais permettre la détention d’un enfant dans un centre de rétention, que ce soit lors des procédures de contrôle, de passage des frontières, de demande d’asile ou de renvoi", conclut l’Unicef.