Contre la fermeture d’une ligne de train, pour des augmentations ou contre un milliardaire d’extrême droite... Les mobilisations victorieuses passent trop souvent sous les radars. Elles sont pourtant riches d’enseignements. Quatre exemples en 2025.
La période est morose pour les avancées sociales ou la défense de l’intérêt général. Depuis les grèves de 1995 contre la réforme des retraites d’alors, les gouvernements ne reculent quasiment plus dans leurs projets d’affaiblissement des droits. Le mouvement contre l’allongement de l’âge de départ en retraite de 2023 n’a ainsi pas abouti à l’abrogation de la réforme. Ce constat peut faire oublier que de nombreuses mobilisations sociales continuent d’émerger localement, souvent sous les radars médiatiques. (...)
Si les grèves sont rares dans les petites entreprises, le nombre de journées de grève a augmenté considérablement en 2023 (les chiffres connus les plus récents selon le service statistique du ministère du Travail), en particulier dans les entreprises de plus de 500 salariés. À cela s’ajoutent de nombreux conflits environnementaux locaux, et des mobilisations contre les discriminations. Ainsi, quotidiennement, une multitude de combats collectifs sont menés et des résultats sont obtenus. Pas toujours franches ou éclatantes, souvent arrachées grâce à des sacrifices, ces victoires et les luttes qui les ont permises sont pourtant riches d’enseignements.
Dans le Morvan, la population sauve sa ligne de train (...)
La lutte pour le maintien de la ligne du Morvan impressionne par la diversité des acteurs qui l’ont menée. C’est en partie ce qui explique son succès. « Il y avait d’abord des habitants et des élus locaux, mais aussi des collectifs d’usagers du train ou encore des syndicats de cheminots et des partis politiques », décrit Nicolas Bourdoune. Le 1er mai 2025, Ligne à défendre, association opposée à la fermeture, organise une course à pied depuis la gare de Corbigny, dans la Nièvre, jusqu’à Bercy. Les participants, qui se relaient, doivent parcourir 376 kilomètres en trois jours. « C’était exactement ce qu’il fallait faire. Il y avait du monde, on a eu une belle médiatisation et ça a mis la pression à la région, qui aurait voulu faire passer la fermeture en douce », salue le maire. (...)
Femmes de chambre de Suresnes : neuf mois avant la victoire
Les mobilisations victorieuses d’une demi-journée sont des exceptions. Neuf longs mois de lutte ont été nécessaires à un groupe de femmes de chambre de Suresnes, dans les Hauts-de-Seine. « Et à la fin, on a toutes obtenu des CDI », sourit Kandé Tounkara, déléguée syndicale à la CGT de l’hôtellerie, CGT-HPE. (...)
Geodis Gennevilliers, une victoire sur des années
C’est un petit entrepôt qui résiste encore et toujours à son patron. En 2022, 2024 et 2025, les ouvriers de la plateforme logistique Géodis de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) ont mené trois grèves victorieuses pour leurs salaires. Pour cela, pas de potion magique, mais un collectif extrêmement soudé et capable de se mobiliser sur la durée. (...)
Huit grévistes font plier un milliardaire d’extrême droite
Mobiliser tout un territoire n’est pas la seule recette pour gagner. C’est ce que rappelle la grève menée par des intermittents du spectacle contre le milliardaire d’extrême droite Pierre-Édouard Stérin. Le 6 octobre 2025, ils sont seulement huit à refuser de monter la scène prévue pour La Nuit du bien commun d’Aix-en-Provence – une soirée de mécénat à destination d’associations en accord avec la ligne réactionnaire de Stérin. Tous sont membres de l’équipe de salariés embauchés uniquement à la journée. (...)