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Non Fiction
Peut-on sécuriser l’espace ?
#geopolitique #espace
Article mis en ligne le 2 octobre 2023
dernière modification le 1er octobre 2023

La puissance passe désormais aussi par une politique spatiale ambitieuse. Les rivalités interétatiques y exacerbent les enjeux politiques, économiques et environnementaux.

Avec les mers et les océans, l’espace extra-atmosphérique apparaît comme un espace de conquête. Pour bien saisir les enjeux qui s’y jouent, du militaire à l’environnement en passant par l’économie, il importe de repartir de la géographie. En effet, cet espace se définit par ses limites, les acteurs qui s’y multiplient mais aussi sa gestion alors que les rivalités peuvent y être exacerbées. Florence Gaillard-Sborowsky en présente ici les enjeux, tout en réfléchissant à ce que recouvre la notion de « sécurité spatiale ».

L’espace extra-atmosphérique comme espace de conquête est étudié en Terminale, il s’agit de revenir sur la course à l’espace dans les années 1950, la dichotomie qui s’y pose entre les rivalités étatiques et une nécessaire coopération, puis l’affirmation de la Chine. (...)

Florence Gaillard-Sborowsky : D’un point géographique, l’espace n’a pas de limites officielles. Tout au plus, les acteurs et experts s’entendent pour dire que l’espace commence au point où les forces orbitales dynamiques deviennent plus importantes que les forces aérodynamiques, 100 km d’altitude étant commu­nément admis. Cette question de la délimitation de l’espace est d’ailleurs chaque année sur l’agenda du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (CUPEEA en anglais COPUOS) de l’ONU depuis 1958.

Par ailleurs, on ne peut pas formellement parler de territoire à propos de l’espace et de fait le Traité sur les principes régissant les activités des États en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, pierre angulaire du cadre de l’exploitation de l’espace, détermine dans son article 2 que « l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, ne peut faire l’objet d’appropriation nationale par proclamation de souveraineté, ni par voie d’utilisation ou d’occupation, ni par aucun autre moyen ». (...)

De manière plus globale, la dépendance croissante, perçue et réelle, de nos sociétés aux systèmes spatiaux qui constituent de plus en plus des infrastructures clefs pour l’information (collecte, transmission, dissémination) en réseau avec les autres infrastructures terrestres, accentue une perception de vulnérabilité des systèmes et renforce les logiques de protection envisageant des moyens de défense « active ».

Ces tendances à l’œuvre intensifient certainement les tensions mais surtout portent en elles les ferments de possibles malentendus entre puissances, entrouvrant la porte à l’éventualité d’une guerre de l’espace où tout le monde aurait finalement bien plus perdre qu’à gagner. (...)