Peter Thiel a récemment donné quatre conférences privées sur le potentiel avènement d’un « Antéchrist ». Interrogé, moqué, ce recours au registre religieux relève autant de la trajectoire personnelle de l’entrepreneur que d’une tendance de la Silicon Valley, voire d’une stratégie politique.
(...) l’un des financiers incontournables de cet écosystème – par ailleurs cofondateur de PayPal, de Palantir, et soutien inamovible du camp républicain – a donné au début de l’automne des conférences sur les liens entre technologies et religion. Organisées à huis clos, à San Francisco, ces quatre séances lui ont permis de détailler à son audience ce qui, selon lui, constituait l’Antéchrist, et ce qui risquait de faire advenir l’Apocalypse.
La fin des temps comme vanité
Ce qui étonne plus, peut-être, est la propension affichée de Peter Thiel aux discours eschatologiques, c’est-à-dire sur la fin des temps. Celle-ci se déploie en effet au moment même où son influence sur le gouvernement états-unien semble avoir atteint de premiers sommets, que ce soit via ses proches placés au cœur du réacteur trumpien, ou dans l’ampleur concrète que prend sa société de surveillance Palantir au sein de l’architecture numérique fédérale, comme à l’international. (...)
Parmi ses hantises, qu’un « luddite qui voudrait stopper la science » parvienne à convaincre – devenant, de fait, ce qu’il qualifie d’Antéchrist. Pour l’entrepreneur, une telle critique des activités technologiques pourrait prendre les traits de l’activiste écologiste et pour les droits humains Greta Thunberg, ou bien ceux d’Eliezer Yudkowsky, promoteur d’une potentielle IA « amicale » devenu récemment critique de tous les projets visant à l’émergence d’une « superintelligence ».