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Mediapart
Pérou : « une contre-offensive » de l’extrême droite contre les juges et l’information
#Perou #justice #information #extremedroite #corruption
Article mis en ligne le 16 novembre 2024
dernière modification le 14 novembre 2024

Les fujimoristes ont déclenché une enquête pénale contre les procureurs anticorruption et contre Gustavo Gorriti, une figure de l’investigation journalistique. Ce dernier dénonce auprès de Mediapart une opération « sans précédent ».

C’est un hommage dont il se serait bien passé. Aux côtés de Wael al-Dahdouh, chef du bureau d’Al Jazeera à Gaza, de Carmen Joukhadar, correspondante d’Al Jazeera au Liban, et du blogueur Ruan Xiaohuan, alias « Program Think », incarcéré en Chine, le journaliste péruvien Gustavo Gorriti a été sélectionné par Reporters sans frontières (RSF) pour le « prix du courage » de la 32e édition du prix pour la liberté de la presse, qui sera remis le 3 décembre.

« Son travail a permis d’ouvrir des enquêtes criminelles et de renverser des présidents », rappelle RSF. Gustavo Gorriti est « régulièrement attaqué par des campagnes de diffamation et de désinformation », « il est aussi intimidé par des procédures judiciaires », et « malgré les pressions, il se bat pour ne pas révéler ses sources ».

Depuis février, Gustavo Gorriti, 76 ans, fondateur du site d’investigation IDL-Reporteros, au sein de l’ONG Instituto de Defensa legal de Lima (IDL), fait l’objet d’une campagne de harcèlement judiciaire et médiatique sans précédent. (...)

Le centre pour la liberté d’expression créé par l’université Columbia (États-Unis) a adressé un avis juridique au juge constitutionnel, soulignant que l’ouverture d’une investigation pénale contre le journaliste constituait une violation de la convention américaine des droits humains. (...)

« C’est une contre-offensive générale, sur le long terme, menée par l’extrême droite et des forces de corruption, poursuit le journaliste. L’objectif est de discréditer les journalistes d’investigation, et moi en premier, les procureurs spécialisés dans la corruption, et surtout ceux qui ont conduit l’enquête sur l’affaire “Lava Jato” au Pérou, de façon à changer de récit, et à faire apparaître les personnes mises en cause comme des victimes d’un ensemble de calomnies construites par des conspirateurs. » (...)

« On nous a déjà mis en demeure de transmettre des informations à la justice dans les affaires “Lava Juez” et “Cuellos blancos”, et nous avons eu des incursions du parquet dans nos bureaux, relate Gustavo Gorriti, mais nous nous sommes défendus, et nous nous sommes opposés à toute remise, et nous l’avons dit avec gravité. C’est ce que je vais répondre au juge Checkley. »

Selon le journaliste, la coalition qui gouverne a « étendu son pouvoir sur les institutions régulatrices », et « les deux seules institutions en capacité d’affronter le clan des corrompus », le pouvoir judiciaire et le parquet, sont en situation de fragilité. « Il y a des magistrats qui s’opposent et vont s’opposer mais d’autres sont disposés à composer », commente Gustavo Gorriti.