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« Parler sans être jugé » : un lieu unique pour les jeunes avec des troubles psy
#troublespsychiatriques #pairsaidants
Article mis en ligne le 29 août 2024
dernière modification le 26 août 2024

Se soutenir entre pairs : c’est le concept de la Maison perchée, qui accompagne les jeunes adultes atteints de troubles psy. L’association a ouvert en 2023 un café à Paris pour accueillir patients et proches, et échanger entre personnes concernées.

(...) Ce café a ouvert en 2023 dans le XIe arrondissement de Paris. À travers les grandes vitres de l’entrée, le soleil vient éclairer le bar en briques beiges, entouré de hautes étagères remplies de fleurs.

Sur le mur d’en face, des statistiques sont affichées de manière bien visible : « Une personne sur cinq sera concernée par un problème de santé mentale au cours de sa vie », « 92% des proches disent s’être déjà sentis seuls face à la maladie ou au handicap psy », « Trois-quarts des Français·es estiment que les personnes vivant avec un trouble psy représentent un danger, alors que seuls 3 à 5% des actes de violences sont attribuables à un trouble psy » (...) .

Ce café est le lieu de rencontre de la Maison perchée. Créée en 2020, en pleine pandémie de Covid-19, l’association vient en aide aux jeunes adultes, de 18 à 40 ans, vivant avec des troubles psy. Elle accompagne ses 600 membres aussi bien en ligne que sur son site parisien.

« On a souhaité se concentrer sur cette tranche d’âge car c’est une période charnière de la vie : c’est l’âge moyen du diagnostic, mais c’est aussi l’âge du premier amour, de la fin des études et du premier boulot », explique Maxime Perez-Zitvogel. Lui-même diagnostiqué bipolaire à l’âge de vingt ans, il est l’un des quatre cofondateur·rices de la Maison perchée. « Des structures de ce type existaient déjà pour les personnes plus âgées, mais il n’y avait rien de semblable pour les jeunes. Moi, j’aurais bien aimé pouvoir fréquenter ce genre de lieu après mon hospitalisation », témoigne-t-il.

Groupes de parole

Un grand espace à l’arrière du café accueille les membres de l’association. C’est haut de plafond et lumineux. « Tout le contraire de l’hôpital de jour », souligne Maxime Perez-Zitvogel en parlant des structures hospitalières accueillant les patients en journée. (...)

Dans le fond de la salle, des pancartes colorées présentent le programme de la semaine : ateliers de théâtre, d’écriture, danse, coaching de vie professionnelle… Tous les jours, a minima deux activités sont proposées aux membres de la Maison perchée, « afin que chacun puisse créer son chemin et trouve sa recette », précise Maxime Perez-Zitvogel.

Des « cafés santé » et des « perchoirs », des groupes de paroles et des échanges autour d’un thème particulier, ou encore des « nids », des entretiens individuels, sont aussi proposés. L’association propose également un soutien pour les proches, avec des rencontres organisées tous les mercredis et samedis matins et de nombreuses ressources disponibles en ligne. (...)

Un accompagnement par les pairs

La démarche de l’association, non-médicalisée, est basée sur la pair-aidance. C’est-à-dire que l’accompagnement se fait entre personnes concernées, qui s’aident et se soutiennent mutuellement. Cette approche se veut complémentaire à l’offre de soins sans chercher à la remplacer. Mais par là, la Maison perchée souhaite aussi contribuer à faire évoluer les méthodes en psychiatrie. (...)

En plus d’une trentaine d’animateurs et d’une équipe de douze salariés, dont la moitié sont concernées par des troubles psy, l’association compte aujourd’hui 66 pair-aidant·es. Ces personnes, qui ne sont pas des professionnel·les de la psychiatrie, ont participé à une formation de quatre mois proposée par la Maison perchée. Ils et elles sont membres de l’association depuis plus de deux mois et ont participé à au moins cinq activités. (...)

Là, les pairs peuvent être soit bénévoles soit rémunérés par l’hôpital pour intervenir auprès des usagers. (...)

Actuellement en arrêt maladie après avoir exercé dans différents domaines, Camille compte reprendre des études en langues. Elle va aussi débuter fin septembre la formation pour devenir pair-aidante. « J’ai longtemps considéré mes troubles comme un frein, une honte. Aujourd’hui, je réalise que, dans une certaine mesure, ils peuvent également être une force, et je souhaite partager cette prise de conscience avec d’autres », dit-elle. (...)

La Maison perchée est financée à 90% par des fondations privées et à 10% par les dons (...)

Elle a récemment obtenu sa première subvention publique. Prochain objectif après l’ouverture du café : l’essaimage. Afin de répondre à une demande toujours plus importante - il faut compter un à deux mois d’attente pour rejoindre l’association - la Maison perchée souhaite se développer. (...)