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France Info, à 13h ce samedi 25 janvier. Le service public consacre une émission spéciale à la libération des quatre « otages israéliennes » en échange de « terroristes » palestiniens. Oui, ce sont les mots employés par la chaine.
Le sujet commence par une interview complaisante du colonel israélien Olivier Rafowicz, qui a relayé un nombre incalculable de mensonges et d’éléments de langage génocidaires dans les médias depuis quinze mois, mais qui continue à être invité sans contradiction. Il déplore la libération de « terroristes ».
Puis Maryline Baranes, présentée comme psychologue, qui n’a donc aucune compétence sur le sujet, intervient pour dire qu’il faut que « les journalistes du monde entier arrêtent de dire que des prisonniers palestiniens sortent de prison car ce sont tous des terroristes ». Ça tombe bien, il n’y a aucun journaliste sur le plateau de France Info.
Cette propagande mensongère est répétée à l’identique sur toutes les grandes chaines de télévision françaises depuis l’accord de cessez-le-feu.
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Un chroniqueur d’extrême droite, Antoine Diers, assure : « On est en train de recréer le prochain 7 octobre en libérant des terroristes ».
Jérôme Guedj, député socialiste et fanatique pro-Israël déclarait déjà le 19 janvier dernière à propos des palestiniens que des « terroristes ayant du sang sur les mains » allaient être libérés. (...)
Mais qu’en est-il réellement ?
Sur les 90 palestiniens libérés des geôles israéliennes, on compte 69 femmes et 21 enfants. Tous « terroristes » ? La plupart étaient enfermés sous le régime de détention administrative, donc sans procès ni droit à la défense. C’est un emprisonnement arbitraire sur décision de l’armée israélienne, en violation de toutes les règles de droit. En bon français, on pourrait qualifier ces palestiniens d’otages.
À l’inverse, tout est fait pour humaniser les israéliennes relâchées. Les médias montrent les images des captives libérées, souriantes. Alors que les palestiniens n’ont pas de noms, pas de visages, pas de vie, le Figaro nomme et décrit les quatre israélienne en termes élogieux. L’une d’elle est « une musicienne passionnée qui étudiait le piano et le chant ». France Info précise même que « son petit ami aurait demandé sa main ». Passionnant. S’il fallait détailler par le menu les hobbys et les relations sentimentales des dizaines de milliers de personnes tuées à Gaza, il n’y aurait pas assez de temps d’antenne en toute une vie.
Le Figaro, toujours, explique qu’une israélienne libérée « était au téléphone avec ses parents, alors que les roquettes pleuvaient ». Que dire de toute un peuple subissant le déluge de bombes sur Gaza depuis des années ? France Info explique qu’elle « aime la cuisine, le chant, la danse et la poésie ».
La troisième, explique Le Figaro, aurait « été forcée à faire à manger, à faire le ménage et à garder des enfants pour ses geôliers », quand France Info relate que « les otages nettoyaient leur jardin, faisaient la vaisselle ». Des détails insoutenables. En comparaison, les milliers d’enfants palestiniens démembrés et brulés vifs, les dizaines de milliers d’autres affamés, les familles anéanties sont dérisoires. Quant aux prisonniers palestiniens, beaucoup sont morts en détention ou ont été violés. Mais le comble de l’horreur pour France Info est de « nettoyer le jardin ». (...)
Khalida Jarrar, ex-députée palestinienne féministe et marxiste, fait partie des 90 personnes qui viennent d’être relâchées suite aux accords. Elle avait été arrêtée sans motif ni procès il y a plus d’un an. Visage pâle, cheveux entièrement blancs – ils étaient noirs avant son arrestation – et voix brisée, elle n’a pas réussi à parler le jour de sa sortie.
Le lendemain, elle a raconté ses conditions de détention : « Attaques fréquentes, gaz, rations insuffisantes ». Elle a été détenue six mois en isolement total dans une cellule de 3 m² sans fenêtre, se couchant sur le sol pour respirer le peu d’air passant sous la porte. Il s’agit de torture. Mais rappelez-vous, faire la vaisselle et ranger le jardin est très grave selon France Info. (...)
ces « otages israéliennes » sont des militaires, ce que les médias français se gardent bien de mentionner dans leurs gros titres. Elles ont été capturées dans le cadre de combats, ce sont donc des prisonnières de guerre. Et s’il faut utiliser l’expression de « sang sur les mains », alors cela peut s’appliquer à leur sujet.
En effet, Karina Ariev, Daniella Gilboa, Naama Levy et Liri Albag ont été enlevées le 7 octobre 2023 sur une base militaire, celle de Nahal Oz. Elle est située en bordure de Gaza, et occupée par l’unité 414 de l’armée israélienne, chargé de surveiller la frontière militarisée qui enferme Gaza depuis 2007.
Cette unité doit utiliser les tourelles d’artillerie télécommandées installées sur le mur de séparation, contre les palestiniens. En clair : tirer sur quiconque s’approche trop près du mur de démarcation.
Ces militaires sont chargées de contrôler les caméras de surveillance le long de cette frontière et d’envoyer des forces en cas d’incidents potentiels.
L’unité 414 dispose aussi de tireurs d’élite. En 2018, de grandes marches pacifiques de palestiniens ont essayé de s’approcher du mur, pour dénoncer l’apartheid israélien. L’armée coloniale a ouvert le feu sur ces civils désarmés, causant plus de 200 morts et 29.000 blessés, dont plus de 7.000 par des tirs à balles réelles.
En plus de tirer sur des civils, les soldat-es qui gardent ce mur violent le droit international. (...)