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France24/AFP
"Organisation terroriste" : la justice britannique se penche sur l’interdiction de Palestine Action
#RoyaumeUni #PalestineAction
Article mis en ligne le 27 novembre 2025

Le gouvernement britannique a été accusé mercredi d’avoir fait preuve d’"autoritarisme", au premier jour de l’examen d’un recours en justice de l’organisation Palestine Action, qui conteste son interdiction. Ce mouvement, classé "organisation terroriste" depuis juillet, a relancé le débat sur la liberté d’expression au Royaume-Uni.

(...) Le Haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU avait jugé cette décision "disproportionnée". Elle avait également été dénoncé par des organisations de défense des droits humains et critiquée par le Conseil de l’Europe. (...)

Huda Ammori, cofondatrice de Palestine Action, a introduit un recours en justice pour contester cette interdiction, qui place le mouvement dans la même catégorie qu’Al-Qaïda, le Hezbollah ou l’Armée républicaine irlandaise (IRA).

Au premier jour d’audience mercredi, son avocat Raza Husain a dénoncé une décision contraire à la "longue tradition" de défense de la désobéissance civile au Royaume-Uni, "une honorable tradition à la fois dans notre loi et dans toute démocratie". Il a cité l’exemple des suffragettes, militantes pour le droit de vote des femmes au début du XXᵉ siècle, qui selon lui "auraient été passibles d’interdiction" si la loi antiterroriste actuelle avait été en vigueur. La décision relève d’un "abus de pouvoir autoritaire", a-t-il insisté.
2 300 personnes arrêtées

Une quarantaine de personnes s’étaient rassemblées devant le tribunal pour soutenir le groupe, brandissant des drapeaux palestiniens. Plusieurs d’entre elles, qui tenaient une pancarte "Je m’oppose au génocide. Je soutiens Palestine Action", ont été interpellées par la police.

Au moins 2 300 personnes ont été arrêtées depuis juillet dans plusieurs manifestations de soutien au groupe, selon l’association Defend Our Juries qui les organise. Au 20 novembre, 254 personnes avaient été inculpées pour soutien à une organisation terroriste, selon la police. Elles risquent pour la plupart une peine allant jusqu’à six mois de prison. (...)

Le gouvernement est notamment critiqué pour avoir pris en compte une définition trop large de ce qui constitue du terrorisme. En juillet, le ministère de l’Intérieur a fait valoir que Palestine Action s’était engagé dans une "campagne de plus en plus intense" qui s’est traduite par des "dégradations volontaires importantes, notamment sur l’infrastructure de sécurité nationale du Royaume-Uni". Yvette Cooper, à la tête du Home Office en juillet, a assuré que certaines personnes soutenant Palestine Action "ne connaissaient pas la véritable nature de l’organisation", sans apporter plus de précision.
Base militaire ciblée

Créé en 2020, Palestine Action se présentait sur son site internet comme un "mouvement d’action directe engagé à mettre fin au soutien mondial au régime génocidaire et d’apartheid d’Israël". Il visait essentiellement des sites d’entreprises d’armement, spécialement du groupe israélien Elbit Systems. (...)

Devant le tribunal, le gouvernement doit notamment démontrer que sa décision n’est pas disproportionnée par rapport au droit à la liberté d’expression garanti par la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH). (...)

Tom Southerden, d’Amnesty International UK, s’inquiète qu’une décision en faveur du gouvernement n’"ouvre la voie à l’utilisation de ce genre de mesures par de futurs gouvernements contre d’autres groupes ayant recours à l’action directe". (...)

L’examen du recours doit s’achever la semaine prochaine, avant une décision à une date ultérieure.