L’action du géant américain des centres de données a dégringolé d’environ 45% depuis son sommet de septembre.
La chute en Bourse du géant américain des centres de données (data centers) Oracle révèle la progression des inquiétudes du marché sur la capacité des géants de l’intelligence artificielle (IA) à poursuivre leurs dépenses massives de développement.
Depuis son plus haut atteint en septembre, l’action d’Oracle a dégringolé d’environ 45 %, soit une perte de plus de 400 milliards de dollars de valorisation.
Un temps proche de détrôner Elon Musk pour le titre d’homme le plus riche du monde, Larry Ellison, son patron, a désormais reculé à la quatrième place du classement Forbes des fortunes mondiales.
Le dernier coup de massue a été porté mercredi par un article du Financial Times assurant qu’Oracle aurait perdu le soutien du gestionnaire d’actifs Blue Owl Capital, l’un de ses principaux partenaires, pour le développement d’un centre de données à 10 milliards de dollars dans le Michigan. (...)
Oracle s’est massivement endetté pour être un des leaders de l’infrastructure pour l’IA. Et même si l’entreprise dispose d’un carnet de commandes fourni et en forte hausse, une partie provient d’acteurs aux revenus encore fragiles.
OpenAI, le créateur de ChatGPT, s’est ainsi engagé à lui acheter pour 300 milliards de dollars de puissance de calcul sur cinq ans.
Or, il s’agit « d’une entreprise qui prévoit de réaliser un chiffre d’affaires d’environ 20 milliards de dollars cette année », rappelle auprès de l’AFP Steve Sosnick, analyste d’Interactive Brokers.
Au total, le pionnier de l’IA générative s’est même engagé à payer la somme astronomique de 1400 milliards de dollars à Oracle et ses concurrents, alors même que son hégémonie est contestée, avec des alternatives de plus en plus puissantes.
Ce décalage « a conduit de nombreux investisseurs à se demander si les prévisions concernant les dépenses en intelligence artificielle pouvaient réellement être réalisées », souligne Steve Sosnick. D’autant que les effets sur les performances financières des entreprises ayant recours à l’IA restent à connaître. (...)
Pour Art Hogan, il faut toutefois relativiser quelque peu les inquiétudes, alors que le cours d’Oracle affiche toujours une progression sur l’année (+ 7 %). Les indices boursiers restent aussi proches de leur record.