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« On réclame un peu de dignité » Des Français rescapés de Gaza dénoncent une prise en charge « déplorable » de l’État
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #France
Article mis en ligne le 25 février 2024
dernière modification le 23 février 2024

Depuis novembre, près de 200 ressortissants français ont été rapatriés de Gaza vers l’Hexagone, avant d’être pris en charge. Repas périmés, logements insalubres, certains pointent des insuffisances « déplorables » de l’État.

(...) Après l’attaque du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, puis le début des bombardements israéliens sur Gaza les jours suivants, la France a organisé les rapatriements de ses ressortissants et de leurs familles. Depuis novembre 2023, près de 200 Palestiniens sont arrivés sur le sol hexagonal. 148 d’entre eux ont été pris en charge par l’association France Horizon, mandatée par l’État français. Las, près de quatre mois plus tard, des familles et des militants pro-palestiniens dénoncent un accompagnement « déplorable ». StreetPress a recueilli des témoignages de rapatriés, appuyés par des documents, qui démontrent l’absence d’aides matérielles (2) et médicales à ces familles qui ont tout perdu. Logées dans des chambres parfois insalubres, nourris avec des distributions de repas périmées, ces ressortissants traumatisés ont parfois des proches encore coincés à Gaza. Ils pointent la responsabilité de l’État. Après l’attaque du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, puis le début des bombardements israéliens sur Gaza les jours suivants, la France a organisé les rapatriements de ses ressortissants et de leurs familles. Depuis novembre 2023, près de 200 Palestiniens sont arrivés sur le sol hexagonal. 148 d’entre eux ont été pris en charge par l’association France Horizon, mandatée par l’État français. Las, près de quatre mois plus tard, des familles et des militants pro-palestiniens dénoncent un accompagnement « déplorable ».

StreetPress a recueilli des témoignages de rapatriés, appuyés par des documents, qui démontrent l’absence d’aides matérielles (2) et médicales à ces familles qui ont tout perdu. Logées dans des chambres parfois insalubres, nourris avec des distributions de repas périmées, ces ressortissants traumatisés ont parfois des proches encore coincés à Gaza. Ils pointent la responsabilité de l’État. (...)

l’aéroport, beaucoup de rapatriés, dont des enfants, ne portent que des habits d’été. « Il faisait froid ici, mais pas encore à Gaza », explique Tesnim (1), une juriste palestinienne. Selon elle, il n’y aurait eu « aucune proposition de fournir des habits ». De même pour les produits de première nécessité, de laits infantiles ou de couches. Seul un kit d’hygiène serait remis par France Horizon. Près d’une salle de réunion du sous-sol de l’hôtel Ibis, aménagée comme espace de repos pour les familles, une pièce déborde de sacs de vêtements et de chaussures. Aïda, militante franco-palestinienne et cheffe dans un restaurant, souffle :
« Ça a été fourni par les bénévoles, mais pas par l’État français. » (...)

StreetPress a pris connaissance de certains plats donnés en novembre avec du poisson dont la date limite était dépassée de sept jours. Le 19 février, pour les familles du dernier rapatriement, des dizaines de boîtes en plastiques de crudités qui périmaient le 20 étaient remplies d’une moisissure blanche et plusieurs étaient gonflées. (...)

Contacté, le directeur de la communication de France Horizon, Jean-Brice Muller, a d’abord assuré que les barquettes du 19 février avaient une date limite jusqu’en mai 2024. Ce qui est faux selon les constatations de StreetPress. (...)

« Le problème c’est l’État français et le manque de moyens qu’il met dans toutes les affaires sociales. » (...)

France Horizon affirme que ses équipes à l’hôtel « assurent une première évaluation psycho-sociale » et qu’ils orientent vers « les acteurs de santé ». « Une évaluation psychologique nécessite forcément un psychologue et non pas un travailleur social », conteste Tesnim, qui soutient que les familles n’ont pas toujours été orientées. (...)

Les Cada

Après le passage à l’hôtel ou au foyer, certaines familles franco-palestiniennes ont été envoyées par France Horizon dans des centres d’accueil de demandeurs d’asile (Cada). Alaa, jeune mère de 34 ans arrivée de Gaza seule avec sa fille Julia, sept ans, a été « choquée » par les conditions d’accueil dans son Cada. « L’appartement était trop sale. Le papier peint abîmé, beaucoup de taches au sol, les toilettes étaient dégueulasses, les meubles abîmés… », dresse cette employée de l’institut français de Gaza. (...)

« Leurs conditions d’accueil dans ces Cada reflètent les conditions des demandeurs d’asile en général », commente la juriste Tesnim. Elle renchérit : « “Ce n’est pas parce que vous venez de Gaza que vous êtes meilleurs que les autres”, a-t-on dit à certains. C’est horrible de dire que l’on maltraite les demandeurs d’asile, peu importe d’où ils viennent. » (...)

Parmi les familles rapatriées de Gaza, beaucoup n’ont pas réussi à sortir au complet. C’est le cas de Sonia, jeune enseignante de 28 ans, qui a rejoint la France seule avec ses trois enfants, sans son mari. La famille a décidé de fuir sans rien emporter. « On s’est retournées à un moment et on a vu notre immeuble bombardé. On a couru pendant cinq kilomètres », se rappelle difficilement Sonia. Son garçon endormi sur son épaule, elle peine à cacher son émotion. Son mari est reparti quand il a vu que son frère n’était pas là. Il n’a pas pu les rejoindre et ne figure pas sur la liste des personnes autorisées à évacuer Gaza. (...)

« On a communiqué une lettre au ministère pour relever tous les manquements dans la prise en charge médicale, l’éclatement géographique, le manque de première nécessité et même pour la régularisation administrative… Zéro réponse. » (...)