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Nucléaire : les déchets peu radioactifs pourraient être recyclés en fourchettes ou casseroles
#nucleaire #recyclage #radioactivite #technocentre #Fessenheim #CNDP
Article mis en ligne le 10 octobre 2024

Le débat public sur le recyclage des déchets très faiblement radioactifs dans le technocentre de Fessenheim s’ouvre le 10 octobre. Ils seraient réutilisés dans des produits du quotidien, suscitant l’inquiétude des antinucléaires.

(...) Ce n’est pas un scénario de science-fiction, mais le très sérieux projet du « technocentre » de Fessenheim (Haut-Rhin) : une usine destinée à valoriser les métaux faiblement radioactifs issus du démantèlement des installations nucléaires, pour les réutiliser ensuite dans l’industrie conventionnelle. Une première en France.

Jusqu’en 2022, la loi française interdisait la valorisation des déchets TFA, s’appuyant sur le principe de zonage qui considère que tout déchet issu d’une installation nucléaire est radioactif. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) elle-même y était initialement défavorable, craignant que des matières radioactives se retrouvent malencontreusement en contact avec le public (...)

Ce « principe de précaution » à la française faisait donc figure d’exception en Europe, jusqu’à ce qu’un décret ministériel publié en février 2022 rende possible le recyclage de déchets TFA par dérogation, et sous certaines conditions. La loi française ainsi amendée (et sans aucun débat parlementaire), il est enfin devenu possible d’établir ce fameux technocentre, imaginé par EDF depuis 2018. Et l’emplacement prévu n’est pas anodin : il s’agit de le construire à côté de l’ancienne centrale nucléaire de Fessenheim, à l’arrêt depuis 2020. Vu l’ampleur et la sensibilité du projet, il fera l’objet d’un débat public de quatre mois, qui commencera le 10 octobre 2024 à Fessenheim, et se finira 7 février 2025.

500 000 tonnes de métaux faiblement radioactifs (...)

Si la consultation publique est favorable au projet, et que tous les autres voyants sont au vert, le chantier de construction pourrait commencer en 2027, pour une mise en service prévue fin 2031.
« Imaginez que cette ferraille radioactive se retrouve dans les ressorts de votre matelas »

Malgré les belles ambitions de ce projet qui coûterait près de 500 millions d’euros et permettrait la création de 200 emplois dans la région, les inquiétudes sont légion. La plus forte concerne la traçabilité des matériaux « décontaminés » qui sortiront du technocentre. (...)

C’est une façon de disséminer la radioactivité », dénonce André Hatz, du collectif Stop Fessenheim.

Face à cela, EDF promet des contrôles intensifs et extrêmement précis, sans pour autant parvenir à rassurer les associations antinucléaires, qui n’ont plus confiance dans la filière : « Combien de fois apprend-on dans la presse qu’il y a eu des contrefaçons et des falsifications sur des chantiers nucléaires ? La dernière en date, c’était sur l’EPR de Flamanville. Alors, comment est-on sûr que seuls les déchets TFA iront dans ce technocentre ? » interroge Jean-Marie Brom, physicien et membre du Groupement de scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire (GSIEN). Tout comme André Hatz, il participera au débat public (...)

En pratique, la concertation se déroule sur plusieurs événements : rencontres de proximité, réunions, points de contact et visites d’infrastructures EDF, auxquels tout le monde peut participer à condition de s’inscrire en ligne. Le calendrier complet est consultable sur le site de la CNDP.