
Le choix des mots utilisés pour désigner les différentes personnes, lieux et phénomènes liés à la migration est inévitablement politique. Ces mots ne se limitent pas à une désignation neutre : ils influencent et façonnent profondément la manière dont nous pensons et percevons les migrations.
Depuis bientôt 20 ans, Migreurop documente, décrypte et dénonce les conséquences des politiques migratoires, en mettant notamment en lumière l’existence d’une « Europe des camps » et la « guerre aux migrant·e·s » menée par les États européens.
À travers l’explicitation de la terminologie utilisée (ou non) par le réseau et des enjeux politiques, sociaux et culturels associés, Migreurop cherche à sensibiliser au sens et au poids des mots et à promouvoir un langage qui reflète la réalité des violations des droits des exilé·e·s et participe à construire un monde juste pour toutes et tous.
Cette seconde publication de la série "le poids des mots" vise à expliquer les choix sémantiques de Migreurop lorsqu’il s’agit de nommer les personnes en migration.
Loin d’être anodins, ceux-ci reflètent le positionnement et la réflexion du réseau. Ils cherchent à nommer les personnes en exil de façon englobante, en se centrant sur l’être humain et son expérience de migration, indépendamment des circonstances ayant motivé son départ et des politiques lui étant imposées. Elles reconnaissent les droits et la dignité de chaque personne, sans distinction, hiérarchie ou présomption d’éventuels points communs entre les personnes exilées, autre que leur situation d’exil.
Migreurop ne qualifie ainsi pas une personne d’ "irrégulière" ou d’ "illégale" - car nul être humain ne saurait être illégal.
Le réseau se refuse à employer la fausse dichotomie opposant "demandeur·se d’asile" à "migrant·e économique", qui est réductrice et réifiante, et vient légitimer les politiques de sélection à l’entrée mises en œuvre dans l’UE, en ne se référant à l’asile de manière à délégitimer tout autre forme de déplacement.
Nous privilégions l’usage de "personne en migration", "personne exilée" ou "exilé·e", afin de s’émanciper du cadre imposé par les décideur·se·s politiques et de ne pas perpétuer les préconceptions que certains discours véhiculent.