
Après Simone Veil, Maurice Genevoix et Joséphine Baker, le chef de l’Etat a décidé panthéoniser ce résistant arménien, communiste et antifasciste, qui reposera avec son épouse Mélinée.
Pour la quatrième fois depuis 2017, la France aura les yeux rivés sur le Panthéon. Emmanuel Macron présidera, mercredi 21 février, la cérémonie d’entrée de Missak Manouchian dans le monument aux "grands hommes". Le rescapé du génocide arménien devenu résistant, leader d’un groupe de combattants étrangers contre l’occupation nazie, exécuté en février 1944, sera accompagné de son épouse, également résistante, Mélinée Manouchian. "Missak Manouchian porte une part de notre grandeur", a déclaré l’Elysée, en juin dernier, au moment d’annoncer cette panthéonisation.
Sous la Ve République, le locataire de l’Elysée est le seul à décider de ce geste aussi symbolique que politique (...)
"En pleine contradiction"
Après Simone Veil, Maurice Genevoix et Joséphine Baker, Emmanuel Macron a choisi d’installer au sommet de la montagne Sainte-Geneviève un couple d’immigrés arméniens, qui se sont pleinement engagés contre le nazisme et le fascisme. Missak Manouchian était par ailleurs un cadre de l’Internationale communiste, dès 1935, tout en restant proche du Parti communiste français une fois la Seconde Guerre mondiale débutée. (...)
Aux yeux de l’opposition de gauche, le choix du président de la République est un "véritable paradoxe". "On est en pleine contradiction", dénonce le député communiste Pierre Dharréville. "Quelques semaines après la loi immigration, qui est une infamie, cet hommage intervient dans un moment singulier." Le groupe Manouchian incarne "l’espoir des jours heureux et la main-d’œuvre immigrée", insiste Pierre Dharréville, qui a interprété en musique un poème d’Aragon en hommage au résistant, raconte France Bleu. Plusieurs élus de gauche voient un décalage entre ces valeurs et la politique menée par le chef de l’Etat. Le député La France insoumise Sébastien Rome redoute ainsi "un affichage politique" du président et "un moyen de brouiller les pistes par rapport à la réalité de sa politique", en "contradiction avec ce que défendaient les Manouchian". (...)
sur les huit panthéonisations survenues sous François Hollande et Emmanuel Macron, six sont liées au combat de la France contre l’Allemagne nazie. "La Résistance apparaît comme la ressource symbolique la plus disponible historiquement, la page du passé national à laquelle on se réfère le plus volontiers", analyse Patrick Garcia, spécialiste des usages politiques de l’histoire. Par ailleurs, les huit dernières personnalités panthéonisées ont eu un rôle pendant les deux guerres mondiales du XXe siècle. (...)
Officiellement, la panthéonisation de Missak Manouchian se veut donc la plus fédératrice possible (...)
Comment expliquer que ce projet se concrétise finalement sous une présidence centriste et libérale ? (...)
Dans les faits, si la cérémonie de panthéonisation se veut consensuelle, le choix de la personnalité consacrée est souvent bien plus clivant. Ainsi, une partie de la classe politique et nombre d’associations ont appelé à la panthéonisation de Gisèle Halimi, avocate et figure du féminisme morte en 2020. Mais des figures de la droite se sont opposées à l’idée de faire un tel honneur à celle qui a défendu des nationalistes algériens il y a plus d’un demi-siècle. En 2021, l’Elysée lui a préféré Joséphine Baker, star de l’entre-deux-guerres engagée contre le nazisme. Le dossier de panthéonisation de Gisèle Halimi "est toujours à l’étude", assure cependant la présidence à franceinfo. (...)