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Mayotte : plus de 400 migrants livrés à eux-mêmes après le démantèlement de leur camp
#Mayotte #camps #démantelements #migrants #immigration
Article mis en ligne le 30 octobre 2025

Depuis la destruction du camp de Tsoundzou 2, environ 400 migrants originaires d’Afrique des Grands Lacs se retrouvent en errance à Mayotte. Ils vivent maintenant à quelques kilomètres de leur ancien camp au bord de la route nationale.

Les tentes et cabanes ont laissé place à quelques bâches accrochées à un grillage. À même le sol, sur des tapis ou des matelas trainés jusqu’ici, des centaines de migrants originaires de l’Afrique des Grands Lacs se sont installés le long de la route nationale 2, à Tsoundzou, à quelques kilomètres au sud de Mamoudzou, la principale ville de l’île française. (...)

Ces exilés font partie de ceux qui n’ont pas eu de proposition d’hébergement suite au démantèlement du camp de Tsoundzou 2 le 23 octobre dernier. Aujourd’hui, selon un décompte réalisé par les habitants de ce nouveau campement informel, 434 personnes, dont 25 familles, vivent livrées à elles-mêmes dans ce coin de terre à l’est de Mayotte. Il s’agit d’exilés venant de RDC, Burundi, Rwanda, Somalie ou encore Éthiopie.
"Les gens ont pris ce qu’ils pouvaient et sont partis"

"Quand la gendarmerie est venue à Tsoundzou 2, elle nous a laissé 45 minutes pour nous préparer et après les machines étaient là. Les gens ont pris ce qu’ils pouvaient et sont partis", raconte Sadam Karata Sam, un demandeur d’asile congolais arrivé à Mayotte en septembre 2024 joint par InfoMigrants. (...)

Faute de solutions, les exilés sont donc retournés là où un précédent camp avait été établi puis démantelé en février dernier. Depuis, ils vivent difficilement et peinent à trouver de l’eau et de la nourriture. (...)

Et la crainte des agressions, elle aussi, fait son retour. "Avant-hier, des jeunes sont venus et ils nous ont lancé des pierres. On a dû appeler la police", alerte le jeune homme de 27 ans.
"La situation n’avance pas"

Parmi les habitants de ce camp figurent des primo-arrivants mais aussi des demandeurs d’asile sans solution d’hébergement, des déboutés, tout comme des personnes ayant obtenu le statut de réfugié, racontait une source locale à InfoMigrants.

"La situation n’avance pas", se lamente Sadam Karata Sam. "C’est difficile de vivre à Mayotte, mais on n’a pas le choix, on est coincé ici, les procédures administratives sont très lentes". "Si on avait l’asile, les passeports, etc. On rejoindrait la métropole, mais on ne peut pas", explique-t-il.

Le système d’asile à Mayotte est de plus en plus sous tension. (...)

Les blocages répétés des collectifs de citoyens hostiles à l’immigration ont rendu encore plus lente la délivrance des documents. La fermeture de la préfecture par ces groupes a provoqué le "rallongement de la liste d’attente pour les premières demandes d’asile" ou rendu difficile "les renouvellements d’attestation de demande d’asile", indique l’association. Ainsi, "les demandeurs d’asile et les bénéficiaires de la protection internationale, ne pouvant renouveler leurs documents, se retrouvent bloqués dans les démarches d’accès aux droits et d’insertion professionnelle".
Manque d’hébergements

Le lieu de ce nouveau campement n’a rien d’anodin. De l’autre côté du grillage sur lequel les migrants tendent leurs bâches se trouve le village-relais Coallia. C’est un des lieux qui hébergent les demandeurs d’asile et réfugiés à Mayotte. "On s’est installés non loin de Coallia aussi pour interpeller l’État et voir comment on peut trouver une solution, notamment d’hébergement, pour tout le monde", explique Sadam Karata Sam.

La semaine dernière, 402 personnes ont pu être prises en charge par la préfecture. "La plus grosse mise à l’abri réalisé depuis 24 mois à Mayotte", s’est félicité le préfet de l’île. Mais pour les autres, victimes du manque de place d’hébergement, "il n’y a pas de solutions", souffle Sadam Karata Sam. (...)

"On a essayé de parler au préfet de Mayotte. On lui a dit qu’on n’avait nulle part où aller et que les gens ne savaient pas quoi faire après le démantèlement. Lui nous a dit qu’il n’avait pas de solutions pour tout le monde dans l’immédiat. Donc qu’il fallait attendre", raconte-t-il.

Déjà limitées, les possibilités d’hébergement sur l’île ont été impactées par le passage du cyclone Chido. "68% des logements collectifs et 36% des logements résidentiels en dur ont été détériorés ou détruits" par la tempête, chiffre la préfecture.

Les députés ont rendu possible les destructions d’habitats insalubres sans que des propositions de relogement soient faites. Et ce, en s’appuyant sur la loi pour la refondation de Mayotte en août dernier. (...)