
Depuis le début de l’année, 322 migrants ont bénéficié d’un "retour volontaire" de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Ils n’étaient que 150 en 2024 sur la même période. Une hausse qui s’explique notamment par la politique migratoire de Nouakchott : depuis le début de l’année, la Mauritanie mène de vastes opérations d’expulsions de personnes en situation irrégulière.
(...) Selon l’organisation, les personnes ayant bénéficié de ce programme proviennent "principalement de pays d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique centrale, de la Corne de l’Afrique, ainsi que, dans une moindre mesure, d’Asie du Sud". (...)
Depuis le début de l’année, la Mauritanie mène de vastes opérations d’expulsions de personnes en situation irrégulière dans le pays. "Au début du mois de mars, c’était le pire. C’était très compliqué. Les gens se faisaient arrêter. Il y avait la police partout, parfois même sur les lieux de travail", raconte encore Oumar.
"Quand je vois ce qui arrive à d’autres migrants, expulsés vers les frontières, je préfère partir avant que ça ne m’arrive", ajoute-t-il. Une fois arrêtés, les exilés sont emmenés dans des centres de rétention avant d’être expulsés. Les Africains sont envoyés aux frontières avec le Mali et le Sénégal. Les Asiatiques, eux, sont expulsés à travers des vols. (...)
À Rosso, ville transfrontalière entre le Sénégal et la Mauritanie, des dizaines de migrants arrêtés par les autorités de Nouakchott patientent actuellement dans l’attente d’un retour dans leur pays. "Côté Sénégal, une cinquantaine de Guinéens vivent à la Croix-Rouge et attendent leur ’retour volontaire’, parfois depuis plusieurs semaines", détaille Mamadou Dia, membre de la Croix-Rouge à Rosso.
Une fois recontacté par l’OIM, Oumar devra passer deux entretiens "pour évaluer la composition familiale, vérifier les documents, recenser les vulnérabilités et discuter des modalités du retour", indique l’OIM. Puis, après un examen médical, il sera raccompagné en Gambie. (...)
Empêcher les départs vers les Canaries
Nouakchott intensifie ses efforts pour combattre l’immigration irrégulière qui a souvent pour projet de rejoindre les Canaries espagnoles, via l’Atlantique. Plus de 30 000 migrants ont été interceptés sur le sol mauritanien entre janvier et avril 2025. (...)
Ce tournant dans la politique de Nouakchott s’est opéré suite à la signature en mars 2024 d’un accord avec l’Union européenne, inquiète de voir cette route migratoire se réactiver. Au programme : renforcement de la coopération entre agences, démantèlement des réseaux de passeurs, construction de centres de rétention et délégation des contrôles, le tout grâce à une enveloppe de 210 millions d’euros accordée au pays saharien.
Le ministre mauritanien de l’Intérieur, Mohamed Ahmed Ould, a mis en avant la nécessité de lutter contre une migration qui n’est plus "individuelle" mais "une activité transfrontalière organisée" et a dénoncé "une augmentation sans précédent du nombre d’étrangers en situation irrégulière". (...)