
Mattel et OpenAI ont annoncé la signature d’un partenariat stratégique, qui permettra au géant du jouet de s’appuyer sur les produits d’IA de la famille de ChatGPT pour son fonctionnement interne, mais aussi et surtout pour concevoir de nouveaux « produits et expériences ». L’introduction possible de briques d’IA génératives dans des jouets et jeux destinés aux enfants suscite déjà des inquiétudes.
Une collaboration aux débouchés encore flous
La nouvelle n’est pas anodine : c’est a priori la première fois qu’un éditeur d’intelligence artificielle noue un contrat à grande échelle avec un acteur du monde du jouet, en sachant que parmi ces derniers, Mattel fait figure de poids lourd. (...)
L’un des volets de cet accord prévoit que Mattel, qui compte 34 000 employés dans le monde, intègre les outils d’OpenAI tels que ChatGPT Enterprise à ses activités internes, pour « améliorer le développement de produits et l’idéation créative, stimuler l’innovation et approfondir l’engagement avec son public ».
Si ce premier point semble relativement intelligible, la « collaboration » prévoit un second pan nettement plus flou :
« Cet accord allie l’expertise respective de Mattel et d’OpenAI pour concevoir, développer et lancer des expériences innovantes pour les fans du monde entier. Grâce à la technologie d’OpenAI, Mattel apportera la magie de l’IA à des expériences de jeu adaptées à chaque âge, en mettant l’accent sur l’innovation, la confidentialité et la sécurité ». (...)
Des commentateurs déjà inquiets (...)
En dépit de leurs engagements en matière de confidentialité et de sécurité, les deux entreprises sont a priori conscientes que le sujet risque de susciter la controverse. Une source proche indique par ailleurs à Axios que le premier produit issu de cette collaboration sera positionné sur la tranche des 13 ans et plus, précisément pour limiter les critiques et les contraintes réglementaires, souvent plus strictes sur les jeunes publics.
En attendant d’en savoir plus sur les fruits de cette collaboration, reste donc une équation dont les paramètres mêlent enjeux économiques et considérations sociales, voire sociétales. D’un côté, les premiers jeux et jouets IA sont susceptibles de bénéficier d’une traction commerciale particulièrement forte, du fait de la nouveauté et de promesses inédites (...)
De l’autre, on retrouve bien sûr les innombrables zones d’ombre et sources d’inquiétude liées à l’IA générative – hallucinations, biais des modèles de langage, exploitation de données personnelles, etc. – catalysées par la fragilité du public visé. (...)
Fin avril, une équipe conjointe de chercheurs de Stanford et de l’association de protection de l’enfance Common Sense Media ont partagé un rapport d’évaluation des risques liés à l’utilisation de chatbots basés sur l’IA générative par les jeunes publics. Dans le sillage de révélations liées par exemple aux dérives permises par des outils comme Character.ai, ils y préconisent que ces agents conversationnels ne soient pas utilisés par les moins de 18 ans.