
Après avoir été relayé par The Sun, tabloïd conservateur, le compte TikTok d’un Afghan documentant sa traversée de la Manche et encourageant ses compatriotes à le suivre a été suspendu, mercredi. La communication autour des traversées de la Manche sur ce réseau social est de plus en plus stratégique pour le gouvernement britannique, qui légifère actuellement sur le sujet.
C’est la fin d’un compte TikTok à 70 000 followers, dépassant régulièrement le million de vues sur ses vidéos postées. L’entreprise américaine a supprimé mercredi le compte d’un Afghan arrivé depuis quelques jours au Royaume-Uni qui, sur ce réseau social, racontait son périple et ses conditions d’accueil en Angleterre, relate la BBC.
@alexandrah4200, de son pseudonyme, a partagé huit vidéos sur le sujet. Le 10 août, il poste du contenu sur sa traversée de la Manche qui font plusieurs dizaines de milliers de vues. On le voit au milieu d’un canot pneumatique chargé, gilet de sauvetage orange autour du buste. Dans les jours qui suit, il poste des vidéos depuis le centre de Manston où le place la Border Force, puis depuis l’hôtel pour demandeurs d’asile où il se retrouve hébergé. (...)
Depuis cette chambre d’hôtel, partagée avec d’autres exilés, le jeune homme réalise plusieurs vidéos dont des lives TikTok, pour répondre aux questions de ses followers sur la traversée et l’arrivée au Royaume-Uni. Il y promeut sa propre prise de risque : "Ceux qui veulent venir, venez, c’est le meilleur pays. Si tes amis veulent venir, tu peux leur dire de venir". (...)
Ce mercredi, annonçant la suppression du compte, TikTok communique sur son "approche de tolérance zéro à l’égard du contenu faisant la promotion du trafic d’êtres humains". L’entreprise indique travailler avec la National Crime Agency (NCA) du Royaume-Uni pour "identifier et perturber le crime organisé en matière d’immigration en ligne". Sans distinguer, dans son communiqué, le contenu produit par des jeunes sur la route de l’exil de celui produit par les réseaux de passage.
Les jeunes en exil sont en effet nombreux à partager leur périple, souvent dans une version enjolivée. (...)
Pour rappel, depuis février 2024, le gouvernement britannique rémunère de son côté des influenceurs à hauteur de milliers de livres sterling pour décourager les candidats à l’exil et promouvoir les nouvelles lois britanniques sur l’immigration, avait révélé le Times.
De fait, TikTok est largement utilisé par les passeurs pour promouvoir leur activité auprès des candidats à l’exil : cette campagne du gouvernement, dont le coût était alors estimé à 380 500 £, visait à contrer leurs discours, notamment en Albanie, en Irak, en Égypte et au Vietnam.
Cette bataille de communication des Britanniques par rapport à TikTok n’a rien de nouveau : déjà, en 2021, Priti Patel, alors ministre de l’Intérieur, avait exigé de Facebook, Twitter, Instagram et TikTok la suppression de leurs plateformes des vidéos donnant une image "glamour", selon elle, des traversées de la Manche.