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Avec Viktor Orban et Marine Le Pen en têtes d’affiche, de nombreux responsables d’extrême droite européens ont participé samedi à un meeting à Madrid pour défendre un "virage à 180 degrés" de l’Union européenne, dans le sillage de la vague trumpiste. "Hier, nous étions les hérétiques. Aujourd’hui, nous sommes le courant majoritaire", a lancé le Premier ministre hongrois.
"Make Europe Great Again" : c’est sous ce mot d’ordre, inspiré du "Make America Great Again" de Donald Trump, que ces figures de la droite nationaliste se sont rassemblées, invitées par le parti espagnol Vox, dans un hôtel situé près de l’aéroport madrilène.
Un message appuyé par le Premier ministre hongrois Viktor Orban, pour qui "la tornade Trump a changé le monde". "Une ère a pris fin. Hier, nous étions les hérétiques. Aujourd’hui, nous sommes le courant majoritaire", a-t-il affirmé. (...)
Outre Marine Le Pen et Viktor Orban, ce meeting a vu notamment défiler à la tribune l’ex-Premier ministre tchèque Andrej Babis (ANO), le Néerlandais Geert Wilders, dont le Parti de la liberté est arrivé en tête des élections législatives de novembre, et le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini (La Ligue). (...)
Rattachés à d’autres groupes au Parlement européen, l’AfD allemande et les Frères d’Italie de la Première ministre Giorgia Meloni – seule dirigeante européenne présente à la cérémonie d’investiture du président américain – étaient en revanche absents de cette rencontre.
"Il est temps de dire stop", dit Matteo Salvini
Au total, 2 000 personnes ont assisté à ce rassemblement, convoqué au lendemain d’un dîner entre les leaders de Patriotes pour l’Europe et Kevin Roberts, le président du groupe de réflexion ultraconservateur américain The Heritage Foundation. (...)
Objectif, selon les organisateurs : "définir la stratégie à suivre" face à la Commission européenne, accusée de promouvoir l’"immigration illégale" et le "fanatisme climatique". "Il est temps de dire stop", a insisté Matteo Salvini.
Pour Steven Forti, professeur à l’Université autonome de Barcelone (UAB) et spécialiste de l’extrême droite, ce meeting était l’occasion, pour Patriotes pour l’Europe, de "profiter de la vague provoquée par la victoire de Trump" et d’afficher son ambition de redessiner "les équilibres" au sein de l’Union.
Patriotes pour l’Europe a "un point commun avec Trump, c’est sa volonté de fragiliser l’Union européenne", explique à l’AFP le chercheur, en référence aux menaces de hausse des droits de douane du président américain ou de ses velléités d’annexion du Groenland, un territoire danois. (...)
De quoi gêner cependant aux entournures les partis nationalistes européens, pour qui les références à Donald Trump ne vont pas sans "tensions", souligne le chercheur.
"La France ne peut pas être assujettie aux États-Unis", a ainsi assuré à des journalistes avant le sommet Marine Le Pen, dont l’entourage a confié avoir peu goûté le slogan "Make Europe Great Again" choisi pour le sommet, jugé "grotesque".
Pour une "Reconquista" de l’extrême droite en Europe
"Le président Trump, pour nous, est un frère d’armes", a toutefois insisté le Néerlandais Geert Wilders, appelant de ses vœux une "reconquista" de l’extrême droite en Europe – en référence aux guerres menées par les rois catholiques espagnols contre les musulmans entre le VIIIe et le XVe siècles (...)
Au-delà du trumpisme, cette rencontre madrilène – qui a été légèrement perturbée par l’entrée d’une Femen dans le hall de l’hôtel – doit servir de "démonstration de force" à Patriotes pour l’Europe, qui souhaite insister sur sa "centralité dans la compétition" au sein de l’extrême droite, souligne Steven Forti.
Avec 86 députés – dont 30 issus du RN – sur un total de 720, ce groupe est la troisième force au Parlement européen depuis les élections européennes de juin 2024. Mais il se trouve en concurrence à Bruxelles et Strasbourg avec deux autres groupes d’extrême droite, les Conservateurs et réformistes européens (80 élus), menés par le parti de Giorgia Meloni, et l’Europe des nations souveraines (26 élus), qui compte parmi ses membres l’AfD.