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France24
Lituanie : face à "l’impérialisme" russe, "la culture est également un champ de bataille"
#resistance #culture #Lituanie
Article mis en ligne le 20 mars 2024

Le 11 mars 1990, la Lituanie devient la première république soviétique à déclarer son indépendance. Près de deux ans avant la dissolution de l’URSS, le plus grand et le plus méridional des États baltes ouvre la voie aux autres pays qui ont vécu pendant un demi-siècle dans l’orbite de Moscou.

Après avoir résisté à un blocus économique puis déjoué en janvier 1991 une tentative de coup d’État orchestré par l’armée soviétique, la jeune démocratie lituanienne a tenté de s’affranchir à tout prix de l’influence russe en redécouvrant sa propre histoire et sa propre culture.

Mais depuis quelques années, le pays est de nouveau une cible privilégiée pour Vladimir Poutine, qui considère la disparition de l’Union soviétique comme une tragédie historique et juge que les minorités russes qui vivent dans les États baltes sont opprimées. Le conflit en Ukraine puis l’invasion russe n’ont fait qu’envenimer des relations déjà tendues.

Se sentant eux-mêmes menacés, les pays baltes et la Pologne, membres de l’Union européenne et de l’OTAN, soutiennent fermement Kiev depuis deux ans. En face, la Russie cherche à saper ce soutien à travers des campagnes de désinformation. Le Kremlin a également tenté d’intimider des dizaines de responsables baltes. En février, les autorités russes ont notamment placé le ministre lituanien de la Culture, Simonas Kairys, et la Première ministre estonienne, Kaja Kallas, sur une liste de personnes recherchées.

Moscou les accuse d’avoir autorisé le démantèlement de monuments aux soldats soviétiques datant de la Seconde Guerre mondiale, ce que le Kremlin considère comme une "insulte à l’histoire". Retour sur les enjeux de cette bataille culturelle entre Moscou et les États baltes avec le ministre Simonas Kairys.

France 24 : Quel récit historique la Russie tente-t-elle d’imposer en Lituanie ?

Simonas Kairys : La Russie est toujours en mode "impérialiste". Mon inscription sur leur liste de personnes recherchées montre qu’ils pensent et agissent avec la conviction que les pays faisant autrefois partie de l’Union soviétique - des pays souverains et indépendants comme la Lituanie - font toujours partie de la Russie. (...)

Nos partenaires étrangers nous demandent souvent sur quels critères les informations russes peuvent être considérées comme de la désinformation. Aujourd’hui, il est très important de souligner que toute information - qu’il s’agisse d’émissions de télévision, d’informations ou d’autres productions télévisuelles - provenant de Russie est automatiquement considérée comme de la désinformation, de la propagande et des "fake news". Nous devons comprendre qu’il n’y a pas de vérité dans ce que la Russie essaie de dire.

Cette lutte contre la désinformation est cruciale car nous nous trouvons dans une phase de grands progrès en matière de technologie et d’intelligence artificielle. Nous devons veiller à ce que nos sociétés soient préparées, capables de faire preuve d’esprit critique et de comprendre ce qui se passe dans le monde à l’heure actuelle. (...)

D’importantes collaborations se nouent avec la culture et les artistes ukrainiens. Il est important de leur donner une plateforme - pour que tout le monde voit que l’Ukraine n’est pas vaincue, que l’Ukraine se bat encore, que l’Ukraine va gagner, que nous allons l’aider. La meilleure réponse à un agresseur est de continuer à vivre sa vie, avec toutes ses traditions, ses habitudes et son héritage culturel. Ce combat est aussi celui de notre mode de vie. La situation n’est pas telle qu’il faille s’arrêter de vivre et de ne penser qu’aux armes et aux systèmes de défense - il faut vivre, travailler, créer, continuer à entreprendre et a mener une vie culturelle.