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France24
Les Syriennes, entre joie de la libération et inquiétudes pour leurs droits
#Syrie #democratie #societecivile #femmes
Article mis en ligne le 15 mars 2025

À quoi ressemblera la Syrie de demain pour les femmes ? Le clan Assad a été chassé du pouvoir après 54 ans de dictature, dont treize années de guerre. Aujourd’hui, le président par intérim Ahmed Al-Charaa doit diriger la transition mais l’ancien jihadiste va-t-il réellement préserver les droits des femmes ? Pour l’instant, aucune loi réduisant leurs libertés n’a été adoptée mais dans les rues, les niqabs se multiplient et les incitations pour les femmes à ne pas fréquenter de trop près les hommes, en se séparant physiquement d’eux dans certains bus ou salles des palais de justice, inquiètent certaines d’entre elles.

Les Syriennes quant à elles n’ont pas été interdites d’éducation, d’études supérieures ou tenues éloignées du marché du travail.

Beaucoup portent le voile mais ce n’est pas une obligation imposée par la loi. Pourtant, avec l’arrivée des islamistes d’HTC au pouvoir, une partie de la population et de la communauté internationale craint de voir l’étau se resserrer autour de leurs droits, qu’il s’agisse de leurs choix vestimentaires comme de leur liberté d’aller et venir dans les rues, d’avoir un emploi ou d’occuper des postes à responsabilité.

Ahmed Al-Charaa, le président par intérim et jihadiste qui a déposé les armes, affirme, à travers la déclaration constitutionnelle qu’il a signée, qu’il préservera les "droits sociaux, économiques et politiques" des Syriennes.
Une levée des sanctions envisagée

Pour l’avocate et spécialiste des droits humain Sève Aydin Izouli, rien n’est moins sûr. Pour elle, la limitation des droits des femmes ne s’exprime pas seulement à travers des textes de loi mais aussi par une pression de la société tout entière, des remarques, des regards lourds, voir du harcèlement sur celles qui ne se plieraient pas aux futures règles tacites de la vie en société.

Après le fiasco du retour au pouvoir des talibans, qui malgré leurs promesses sur les droits des femmes réduisent chaque jour un peu plus le périmètre de ce qu’elles peuvent faire, la communauté internationale veut garder cette transition-là à l’œil et s’assurer qu’elle soit un modèle d’inclusion. Pour encourager le nouveau pouvoir syrien à aller dans le sens de la démocratisation des institutions, l’UE fait par exemple miroiter la possibilité de lever les sanctions imposées à la Syrie en cas de "progrès notables" de Damas. Le Conseil européen a déjà allégé ce poids, en levant les sanctions dans les secteurs de l’énergie, des transports et des finances.

Les autorités syriennes montrent patte blanche

Pour l’instant, les autorités syriennes montrent patte blanche avec notamment l’organisation de la Conférence pour le dialogue national, qui s’est tenue fin février. Cette réunion a débouché sur l’adoption d’une déclaration constitutionnelle qui érige en principe de la nouvelle Syrie la séparation des pouvoirs, "la liberté d’expression et de la presse" et protège les droits "politiques et économiques" des femmes. Cet aspect-là au moins est rassurant mais seul l’avenir dira si les paroles et les écrits se concrétiseront et si les femmes garderont leurs libertés. Ces libertés sont d’ailleurs délimitées dans le cadre de l’Islam. Avant même l’arrivée des islamistes au pouvoir, les femmes perdaient la garde de leurs enfants en cas de divorce et obtenaient moitié moins que les hommes dans les héritages. (...)