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"Les punaises de lit sont partout" : en Belgique, des détenus en centre fermé alertent
#Belgique #CRA #punaisesdelit #migrants #immigration
Article mis en ligne le 13 septembre 2024

Des exilés retenus au centre fermé 127bis, en périphérie de Bruxelles, alertent depuis plusieurs jours sur la présence invasive de punaises de lit. Si l’Office des étrangers a entamé un processus de désinsectisation, l’absence de solutions durables à ce problème récurrent dans le système de rétention belge est criante.

C’est peu dire que la présence de ces nuisibles perturbe le quotidien des personnes enfermées et du personnel. "Avec les punaises de lit, j’ai des bobos partout, ça me démange, on arrive pas à dormir", témoigne Erik, retenu depuis plus de cinq mois dans ce centre alors qu’il vit depuis 11 ans en Belgique, joint par téléphone par InfoMigrants.

"On est là, abandonnés à nous-mêmes. On est fatigués. C’est pour ça qu’on a essayé de faire la grève et de faire appel à la presse belge, pour être écoutés", explique-t-il.

Plusieurs détenus ont en effet passé la nuit de dimanche à lundi à l’extérieur, plutôt que de rejoindre les chambres. En guise de protestation, mais aussi par crainte des punaises de lit à l’intérieur. Certains y sont restés jusqu’au mardi après-midi, évitant au maximum de retourner dans les bâtiments. (...)

"Maintenant, ils nous ont forcé à rentrer dans les chambres mais les punaises de lit sont partout. Les gens ici souffrent. Tout le monde est en colère". (...)

L’Office des étrangers confirme que le problème est connu depuis "plusieurs semaines" et pris en charge. "On procède avec une société spécialisée à une désinfection des locaux. Nous recourons aussi à un chien renifleur spécialisé. La semaine prochaine, on va de nouveau faire intervenir ce chien", détaille la porte-parole, Dominique Ernould, auprès d’InfoMigrants.
Accès restreint aux sanitaires et suspension des visites (...)

Des membres du personnel ont eux-mêmes initié un mouvement de grève pour alerter sur la présence de ces nuisibles, qui touche leurs espaces de travail. De ce fait, les activités du quotidien au 127bis sont "réduites" et la gestion tourne au "service minimum", décrit Dominique Ernould.

Moussa et Erik confirment : la situation a aggravé leurs conditions d’enfermement. Tous deux décrivent des lave-linges qui ne fonctionnent plus pour nettoyer leurs vêtements ; des douches et des toilettes sales et dont l’accès est restreint ; ou encore des coupures d’internet. Surtout : "Ils ont arrêté les visites, depuis deux semaines. À cause de la situation, ils veulent que personne ne rentre", déplore Moussa.

Or, les visites sont un facteur important de soutien moral pour les personnes retenues. "Je suis en dépression totale", confie Erik. "On nous manque de respect, on a pas le droit à la parole, c’est comme si on nous considérait comme des inutiles, ici. Ce sont des discriminations parce que l’on a pas de papiers".

"En plus d’être au contact constant des punaises, les personnes sont aussi privées de droits élémentaires auxquels elles ont droit habituellement", déplore Clotilde de Getting the Voice Out, le collectif qui a relayé les alertes des personnes enfermées.

Un problème qui revient "chaque année" (...)

"Pour nous, la solution structurelle, c’est la fin de l’enfermement administratif des personnes en exil ou privés de papiers", juge Clotilde de Getting the Voice Out. Une manifestation de soutien devant les grilles du 127bis, initiée par le collectif, a réuni une quinzaine de personnes mardi soir. (...)

"En attendant, il faudrait déjà mieux prendre en considération, et plus rapidement, la voix des personnes retenues. Elles ne sont jamais entendues", regrette la militante. "Ce n’est que lorsqu’il y a une médiatisation et que son image est atteinte que l’administration commence à prendre en considération le problème".

Des alertes similaires sur la présence des punaises de lit sont d’ailleurs parvenues, au cours de l’été, des centres fermés de Merksplas et de Bruges, signale Getting the Voice Out. "Pas à ma connaissance", répond sur ce point Dominique Ernould.