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Fin d’année "tragique" dans les CRA : en quelques semaines, quatre personnes sont mortes durant leur rétention
#CRA
Article mis en ligne le 28 décembre 2024
dernière modification le 27 décembre 2024

Quatre retenus sont décédés depuis octobre dans les centres de rétention administrative (CRA) de Paris-Vincennes, Oissel, Marseille et du Mesnil-Amelot. Des décès qui "auraient pu être évités si la vulnérabilité" de ces personnes avaient été prise en compte par l’administration, dénoncent notamment les associations présentes dans ces structures.

(...) Une fin d’année "tragique" dans les centres de rétention administrative (CRA) français. En quelques semaines depuis octobre, quatre personnes sont décédées pendant leur enfermement, déplore un communiqué de quatre associations présentes dans ces structures.

Deux retenus se sont suicidés à Marseille et Paris-Vincennes. À Oissel, près de Rouen, un homme est mort à l’hôpital quelques jours après avoir cessé de s’alimenter dans le centre. Et au Mesnil-Amelot, au nord de Paris, un retenu est décédé pour "raisons médicales incertaines". D’après certains témoins du drame, plusieurs appels à l’aide avaient été communiqués aux policiers pour sauver le jeune homme qui avait perdu connaissance. En vain. (...)

La personne décédée ce 27 novembre à Paris-Vincennes, originaire d’Argentine, n’avait pas été détectée comme inapte à la rétention avant son placement, malgré plusieurs tentatives de suicide passées, en détention. "Une fois au CRA, il a essayé de mettre fin à ses jours une première fois, et a été conduit à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture, explique Mathilde Buffière, du Groupe SOS Solidarités-Assfam présent dans ce CRA. À son retour au centre, il a fait une nouvelle tentative de suicide et a été transféré à l’hôpital. Il est mort deux jours plus tard".

D’après Mathilde Buffière, il arrive également que des certificats d’incompatibilité rédigés durant la rétention soient ignorés par les autorités. Avec des conséquences tragiques. (...)

"Un univers très carcéral"

Certains retenus aptes à la rétention au moment de leur arrivée dans le centre voient aussi leur santé se dégrader au fil des jours. En cause ? Les conditions de vie dans les CRA, régulièrement pointées du doigt. (...)

Le centre n’est pas une prison mais il en a toutes les composantes, les exilés évoluent dans un univers très carcéral, décrit Guillaume Landry. Ce n’est pas anodin d’être enfermé dans un endroit clôs pendant des semaines, voire des mois, où il n’y a rien à faire".

Pour le responsable, la rétention peut ainsi "accentuer des troubles existants", mais aussi "en déclencher de nouveaux" chez des personnes pourtant en bonne santé avant leur enfermement. (...)

Des durées de rétention de plus en plus longues Le centre n’est pas une prison mais il en a toutes les composantes, les exilés évoluent dans un univers très carcéral, décrit Guillaume Landry. Ce n’est pas anodin d’être enfermé dans un endroit clôs pendant des semaines, voire des mois, où il n’y a rien à faire".

Pour le responsable, la rétention peut ainsi "accentuer des troubles existants", mais aussi "en déclencher de nouveaux" chez des personnes pourtant en bonne santé avant leur enfermement. (...)

La loi Immigration votée en janvier 2024 autorise, de son côté, la délivrance d’OQTF à de nouveaux profils. Des personnes arrivées avant l’âge de 13 ans en France notamment peuvent désormais se retrouver, un jour, en CRA. Une situation qui pourrait occasionner, là encore, "stress et incertitudes", affirme Guillaume Landry. "Avec les impacts dramatiques que l’on connaît".

Communiqué de presse : Associations signataires : Forum réfugiés France terre d’asile Groupe SOS Solidarités-Assfam La Cimade

En rétention, une fin d’année 2024 tragique : décès et actes de désespoir se multiplient

Nos quatre associations interviennent dans les centres de rétention administrative (CRA) pour aider les personnes enfermées à exercer leurs droits.

Depuis octobre 2024, quatre personnes sont décédées pendant leur enfermement en CRA. Au CRA du Mesnil-Amelot, un homme est mort pour des raisons médicales incertaines. Dans les CRA de Marseille et Paris-Vincennes, deux hommes se sont suicidés. A Oissel, près de Rouen, un homme a cessé de s’alimenter ; son état de santé s’étant fortement dégradé, il a été transféré à l’hôpital, où il est décédé quelques jours après. En 2023 déjà, quatre personnes étaient mortes en rétention.

Ces décès auraient pu être évités si la vulnérabilité et l’état de santé -physique et mental- des personnes avaient été pris en considération par l’administration avant toute décision de placement.

Il est inacceptable que l’administration ne prenne pas toujours en compte les déclarations de ces personnes sur leur état de santé ou le suivi médical dont elles font déjà l’objet. Elle ignore également nos alertes récurrentes sur le contexte de tensions, d’angoisse et de violence qui prévaut dans les CRA, et sur les effets délétères de la rétention sur la santé mentale et physique des personnes enfermées.

Notre inquiétude aujourd’hui se veut d’autant plus grande que les actes d’automutilation, gestes désespérés et les tentatives de suicide se multiplient ces dernières semaines. Pourtant, malgré les drames successifs qui sont la conséquence d’une politique d’enfermement sans discernement et punitive, les pratiques n’évoluent pas et rien n’indique que l’administration a pris conscience de la gravité de la situation. Au contraire, les placements de personnes vulnérables ou souffrant de lourdes pathologies se poursuivent, et les préfectures persistent à maintenir enfermées des personnes pour lesquelles les médecins compétents ont constaté l’incompatibilité de leur état de santé avec la rétention. La loi du 26 janvier 2024 a permis d’enfermer plus longtemps des personnes dont les intérêts privés et familiaux se trouvent sur le territoire français, ou qui encourent des risques avérés pour leur vie en cas de retour dans leur pays d’origine, renforçant le choc et l’angoisse liés à la perspective de l’expulsion. Les annonces répétées sur une nouvelle prolongation de la durée maximale de rétention vont à rebours de nos constats sur l’impact de l’enfermement administratif sur la santé des personnes concernées.

Nos associations revendiquent une nouvelle fois un accès aux soins et une prise en charge médicale effective des personnes enfermées en CRA, pour éviter que de tels drames ne se reproduisent. Nous demandons aux préfectures un examen individuel et attentif des situations des personnes concernées avant l’édiction de toute décision de privation de liberté, dans le respect de leurs obligations légales.