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Les macronistes évitent la disparition mais voient venir l’implosion
#electionslegislatives #macronie
Article mis en ligne le 8 juillet 2024

La dissolution de l’Assemblée nationale a fait perdre aux macronistes la majorité relative dont ils disposaient. À la faveur des désistements, la coalition présidentielle conserve toutefois 150 sièges. La suite laisse présager une scission dans les rangs, autour d’une question : faut-il proposer à la gauche une coalition ?

Après une campagne passée à craindre l’effacement de la scène politique, la coalition présidentielle se réjouissait de sa deuxième place dans le futur hémicycle. Avec 150 sièges, l’ancienne majorité est reléguée au second rang des forces politiques, derrière la gauche unie, mais devant le Rassemblement national (RN).

La moitié vide du verre donne pourtant à voir le reflet du pari insensé d’Emmanuel Macron. Le président de la République a dissous l’Assemblée nationale au moment où sa base électorale était le plus basse, et son camp a subi les conséquences politiques de son échec. La courbe donne le vertige : le Palais-Bourbon comptait 351 député·es macronistes en 2017, puis 250 en 2022. Ils ne sont plus que 150 à l’issue de ces élections législatives anticipées. (...)

La victoire de la gauche, quant à elle, n’existait pas dimanche soir au sommet de l’État. Emmanuel Macron faisait savoir qu’il regardait les résultats « au rythme des remontées », « circonscription par circonscription ». Sous-entendu : sans se presser de mandater la gauche pour former un gouvernement. « Il attendra la structuration de la nouvelle Assemblée nationale pour prendre les décisions nécessaires », expliquait son entourage.

Pour le camp présidentiel, la vraie clarification aura lieu dans les jours à venir. Faut-il acter le déplacement du centre de gravité de la vie politique à gauche ou tenter, coûte que coûte, une grande coalition centrale allant jusqu’à la droite Les Républicains (LR), manière de rester au cœur du jeu ? Dans les prises de parole des uns et des autres se dessinaient, dimanche soir, les stratégies et les divergences à venir. « Grâce à notre détermination, grâce à la force de nos valeurs, nous avons tenu », s’est félicité le premier ministre, Gabriel Attal, dans la soirée. Avant de confirmer qu’il présenterait dès lundi matin sa démission au chef de l’État.

À l’Élysée, malgré la cure d’amincissement surprise imposée à ses troupes, l’heure était loin d’être à l’autoflagellation. « La clarification que le président de la République avait appelée de ses vœux s’est déroulée comme il le voulait », estimait son entourage, saluant une Assemblée plus « légitime » que « jamais » au vu de la forte participation enregistrée (66,7 %). (...)

L’ancien président de la commission des lois, Sacha Houlié, a également fait un pas vers le NFP. « La France a un nouveau visage, et de toute évidence la social-démocratie a une place essentielle dans la vie politique de notre pays, a écrit le député réélu de la Vienne sur le réseau social X. J’en tirerai les conséquences. » Depuis plusieurs semaines, des discussions existent entre une partie du camp présidentiel et certaines figures de gauche, parmi lesquelles Raphaël Glucksmann.

Et Emmanuel Macron dans tout ça ? C’est peut-être le dernier point qui rassemble tous les macronistes : leur volonté de s’affranchir de la tutelle du président de la République, jugé coupable d’avoir jeté ses troupes dans ce bourbier. (...)